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Sanctuaire de la libre entreprise, du « laissez-faire » et du « marché a toujours raison » il y a peu, les États-Unis ont fait un virage à 180 degrés et sont devenus, sous la contrainte de la crise, hyper-interventionnistes.

Voici les quelques points forts de cette intervention à coup de milliards de dollars:

290 milliards pour recapitaliser les banques (augmenter leurs fonds propres afin d’absorber les pertes de leurs portefeuilles de prêts, pouvant être portés à 3 200 milliards en prêts d’urgence ou pour assurer les dépôts des particuliers en cas de faillites de banques).

Jusqu’à 2 000 milliards pour acheter les actifs toxiques (crédit hypothécaire) et les produits dérivés (“assurance” couvrant les éventuelles pertes sur le marché obligataire).

183 milliards pour renflouer la compagnie d’assurances AIG lourdement engagée dans les produits dérivés et incapable d’honorer ses engagements, vu le montant des pertes accusées par ses « souscripteurs ».

83 milliards pour l’industrie automobile, pour sauver de la faillite General Motors.

1 900 milliards dans Fannie Mae et Freddie Mac, pour racheter les crédits hypothécaires détenus par ces deux sociétés qui sont les plus grosses du monde dans ce domaine spécifique, plus 50 milliards pour aider à restructurer les crédits que ces deux firmes ont accordé et éviter que des millions de familles finissent expulsées de leur domicile.

4 800 milliards injectés pour ranimer le marché monétaire (crédit à court terme) vital pour l’économie. C’est sur ce marché que se financent les banques et les entreprises.

Aujourd’hui, l’État fédéral est le premier banquier du pays. 90% des prêts hypothécaires, 60% de GM, 80% de AIG appartiennent désormais à l’État. Ces dépenses publiques de soutien industriel, de garantie et de financement des marchés financiers assurent 26% du PNB, un seuil qui n’avait pas été atteint depuis la Seconde Guerre Mondiale.

La majeure partie de ce plan a été mise en place par Georges Bush dans les dernières semaines de son mandat, juste avant de quitter la Maison-Blanche. Barak Obama a ajouté le volet automobile.

Le virage, pour les Républicains, est spectaculaire. Après avoir clamé sur tous les toits pendant des années que l’ « État est la source de tous les problèmes économiques », une fois mis le dos au mur par la crise, ils ont découvert que l’État est le prêteur de dernier ressort pour sauver le privé.

La contradiction n’est qu’apparente. Au contraire des libéraux classiques du 19ème siècle, qui faisaient du respect de l’équilibre budgétaire un dogme, les « néo-libéraux » de la fin du 20ème siècle ont opté, sous prétexte de soutenir la croissance, pour une politique systématique de transfert des ressources publiques dans des mains privées, à un niveau où on peut parler de pillage.

Le Nouvel Observateur

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