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Une cagnotte de 2 000 € à 10 000 € à disposition de six classes de trois lycées professionnels de l’académie de Créteil pour motiver les élèves à aller en cours. L’expérience “d’incitation collective“, sera menée dès le lundi 5 octobre 2009.

Les réactions alarmées ne se sont pas fait attendre. Du côté des familles, la FCPE y est allée d’un communiqué virulent : « Et si simplement on intéressait les élèves à leur formation ? » La première fédération de parents d’élèves dénonce la « drôle de conception d’une société où les élèves seraient à vendre » et rappelle que les causes essentielles de l’absentéisme, problème réel en lycée professionnel, tiennent à une mauvaise orientation : affectation dans des filières non choisies, dans un lycée éloigné du domicile, et la nécessité pour certains élèves d’avoir un job payé à côté de leurs études…

La PEEP se montre également « réservée et même un peu inquiète » : « C’est mettre la main dans un engrenage où l’on commence avec les bons points à l’école et les billets au lycée, estime le président de l’association, Philippe Vrand. On ne veut pas que l’argent devienne le levier pour motiver les élèves… pour les faire venir, mais pas forcément pour travailler. »
Côté enseignants, l’initiative, « élue » parmi 165 projets destinés à lutter contre le décrochage scolaire par le haut-commissariat à la Jeunesse, a d’emblée fait hurler. Au Snalc, qui dénonce « une grave dérive démagogique », on se demande si « à promettre la carotte sans le bâton, on ne prend pas les élèves pour des ânes. L’école n’est ni la mine ni l’usine : les élèves ont besoin d’être instruits, pas achetés. »

« Quand une classe est fédérée autour d’un projet, ça marche mieux », remarque Dominique Bertheaume, proviseur de Gabriel-Péri, où le taux d’absentéisme est actuellement de 17 %, soit 7 points au-dessus de la moyenne nationale. Un taux qui a, selon elle, déjà régressé de « 9 points en trois ans » grâce à d’autres projets (danse, sculpture…), apportant aux élèves « un plus » par rapport aux « apprentissages normaux ».

Chez Martin Hirsch, on ne nie pas que l’expérience, qui va être suivie de près avant extension éventuelle, par l’école d’économie de Paris, constitue « un choc culturel », mais on estime qu’elle peut être acceptée « si la preuve est faite de son efficacité ».

Le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, qui s’inquiète de la dérive, n’y croit pas une seconde : « Inapplicable à l’échelle nationale, calcule-t-il. Pour les 29 000 classes des seuls lycées professionnels, si toutes disposaient d’une cagnotte de 10 000 € par an, la facture s’élèverait au minimum à 58 millions d’euros par an. Elle monterait carrément à 290 millions si tous les lycées de France y avaient droit ! Dans le même temps, l’Education nationale annonce 16 000 nouvelles suppressions de postes… »

Quoi qu’il en soit, quelque 150 élèves des lycées professionnels Lino-Ventura à Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), Gabriel-Péri à Champigny (Val-de-Marne) et Alfred-Costes à Bobigny (Seine-Saint-Denis) expérimenteront l’idée après-demain.

Le Parisien

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