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Après les ravages de la crise des surprimes et de la récession, des quartiers entiers doivent être passés au bulldozer. Ce plan radical intitulé « rétrécir pour survivre » (« shrink to survive ») pourrait être l’ultime recours d’une cinquantaine de villes américaines pour qui réduire l’aire urbaine serait le seul moyen d’éviter la faillite.

Plus de 1,2 million de maisons ont fait l’objet d’une saisie. Près de 19 millions de logements étaient inoccupés au deuxième trimestre, soit 14 % du parc total. Dans tout le pays, c’est l’exode, surtout des jeunes. Des quartiers se sont vidés de leurs habitants, jusqu’à présenter aujourd’hui le visage de villes fantômes. Au point que l’Administration Obama s’intéresse à une solution drastique : la démolition pure et simple des quartiers de banlieues déshéritées, afin d’aider le centre-ville des vieilles cités industrielles américaines à ressusciter.

À Pittsburgh, plus de cent parcelles ont été rasées et transformées en fermes urbaines et en jardins communautaires. À Detroit, où un tiers de la ville est à l’abandon, 16 millions de dollars vont être consacrés à la destruction de maisons. La municipalité, au bord de la faillite, envisage de diviser la ville en une série de centres urbains séparés par des zones vertes. À Flint, mille maisons ont déjà été démolies. Trois mille autres devraient suivre. Sur leurs ruines vont pousser prairies et forêts, comme si l’étalement urbain, marque de fabrique de la ville américaine, n’avait été qu’une parenthèse assez peu enchantée.

Ce mouvement d’avant-garde a germé à une centaine de kilomètres au nord de Detroit à Flint, dans l’une des villes les plus pauvres des États-Unis, et berceau du groupe automobile General Motors. Là-bas, des quartiers résidentiels entiers ont été détruits pour les rendre à la nature. La ville pourrait ainsi se contracter de 40 % pour concentrer services et activités : sa population est tombée de 200 000 habitants en 1960 à 110 000 aujourd’hui avec 20 % de chômage. La municipalité n’a plus les moyens d’entretenir les services publics urbains sur un territoire aussi vaste et dépeuplé.

Dan Kildee, trésorier du comté de Genesee, qui comprend Flint est le père de cette idée originale. C’est après avoir analysé le déclin économique et démographique des 65 villes les plus sinistrées qu’il a imaginé cette stratégie. La plupart de ces localités appartiennent à la « rust belt», cette “ceinture de la rouille » qui concentre les industries sinistrées du nord-est du pays : Detroit, Philadelphie, Pittsburgh ou Baltimore. Pour Kildee : « la vraie question n’est pas de savoir si ces villes vont rétrécir — elles le font déjà toutes —, mais si nous allons laisser cela arriver d’une manière destructrice ou constructive ». « La décroissance est une réalité de la vie à Flint. Y résister serait comme résister à l’apesanteur.»

Même si « les gens aiment vivre à proximité d’une forêt ou d’une prairie », cette politique ne fait pas l’unanimité au sein d’une population qui vit ce repli comme une déchéance. « L’obsession de la croissance est malheureusement quelque chose de très américain ». Karina Pallagst, directrice de « Shrinking Cities », un programme de perspective mondiale à l’université de Berkeley, a déclaré que c’était « à la fois un sujet tabou culturel et politique » d’admettre le déclin en Amérique.

Cependant, même le Congrès américain redécouvre les vertus de la densité. Ses élus ont demandé au National Research Council d’évaluer l’impact environnemental d’une ville plus compacte, mêlant commerces, emplois et logements. Le verdict est tombé au mois d’août : doubler la densité urbaine actuelle d’ici à 2050 en construisant davantage dans les centres-villes et moins dans les périphéries pourrait faire baisser de 11 % les émissions de CO2 aux États-Unis.

À Genève, le 15 janvier 2004, la commission du développement durable de l’ONU avait déjà reconnu cette nécessité de rendre plus compactes les villes et d’améliorer leur efficacité globale en réduisant les besoins de transport

Sources : Telegraph et Le Monde (Article entièrement copié sur celui du Telegraph sans aucune citation)

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