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Le 27 Juin 1472, des couvreurs qui travaillent au haut de la Cathédrale, voient surgir l’avant-garde de l’armée Bourguignonne. En un instant la ville est sur pied. La garnison ne se compose que d’environs cinquante arbalétriers et une trentaine d’archers, plus quelques compagnies bourgeoises mal armées et peu entraînées. On ne dispose que de peu de pièces d’artillerie. Le péril est extrême et les fuyards commencent à se presser aux portes, l’évêque en tête, quand l’épouse du maître de Bréquigny a la hardiesse de saisir la bride de son cheval pour lui faire rebrousser chemin. Bourgeois, bourgeoises et petit peuple font preuve d’une remarquable intrépidité en dépit que BEAUVAIS est une ville de petite défense. En hâte, les habitants s’arment de leur mieux. Femmes, filles et enfants se mêlent aux soldats, se rendent utiles en apportant des trousses de flèches, des fagots, de la poudre, des épieux. Au premier assaut de la porte du limaçon, de nombreux assaillants sont abattus à coup d’arbalète. L’autre assaut, qui a pour théâtre la porte de Bresles, n’est pas moins vaillamment accueilli par nos guerriers improvisés que femmes et filles ravitaillent en grosses pierres, en flèches et en poudre.

Prenant la tête de ses compagnes, Jeanne, une petite briseresse de laine, lutte pour défendre la place. Au moment où un Bourguignon s’apprête à planter son étendard sur le rempart en criant « ville prise », Jeanne grimpe sur la brèche et, sous une nuée de flèches, le lui arrache des mains et le repousse dans le vide. Un peu plus tard elle portera le trophée à l’église des Jacobins. Les Assauts successifs dureront onze heures et ne s’arrêteront qu’à la nuit tombée. Grâce en partie, à ces femmes, la ville n’est pas conquise, mais ce n’est que le 22 Juillet que Charles le Téméraire donne l’ordre de la retraite. La victorieuse défense de Beauvais porte un coup mortel à la ligue portée par Charles le Téméraire.

Louis XI est maintenant le maître incontesté au nord de PARIS. Il ne manque pas de témoigner sa gratitude aux gens de Beauvais. Il promulgue une ordonnance datée du mois de Juin 1473, par laquelle il décrète qu’il sera fait, chaque année, une procession solennelle le jour de la fête de sainte Angadrême, et que les femmes y auront le pas sur le clergé et sur les hommes. Les diverses festivités qui ont lieu le dernier week-end de juin nous font revivre ces heures glorieuses qui témoignent de la farouche énergie et de l’indomptable résolution des Beauvaisiennes devant l’agresseur. Elles rappellent aux visiteurs une page de notre histoire qu’aucun Beauvaisien n’évoque sans un sentiment de fierté.

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