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British Petroleum a effectué une série de raccourcis visant à économiser de l’argent et commis des bévues qui ont considérablement accru le danger d’une marée noire destructrice, dans un puits qui avait été qualifié de «cauchemar» par un ingénieur seulement six jours avant l’explosion, indiquent des documents publiés lundi, qui jettent une autre lumière sur les causes du désastre.

Le comité du commerce et de l’énergie de la Chambre des représentants a dévoilé des dizaines de documents internes, qui soulignent divers problèmes sur la plateforme en eaux profondes, dans les jours et les semaines ayant précédé l’explosion du 20 avril. Le comité a fait enquête sur l’explosion et ses conséquences.

Les représentants démocrates Henry A. Waxman et Bart Stupak ont affirmé que des décisions ayant augmenté le risque d’une explosion, semblent avoir été prises par BP, dans le but d’épargner à la compagnie du temps ou de l’argent. Si c’est le cas, ont estimé les deux hommes, l’«insouciance» et la «complaisance» de BP ont infligé un lourd fardeau au golfe, à ses habitants et aux travailleurs sur la plateforme pétrolière.

Par ailleurs, les enquêteurs du Congrès ont identifié plusieurs erreurs commises dans les semaines ayant précédé le désastre, alors que la compagnie prenait beaucoup de retard dans le forage du puits.

BP avait amorcé le forage en octobre, devant aussitôt faire face aux dommages causés par l’ouragan Ida. La compagnie s’était tournée vers la plateforme Deepwater Horizon et repris le forage le 6 février. Les travaux sur la plateforme étaient en retard de 43 jours pour le prochain forage au moment de l’explosion le 20 avril, entraînant des coûts d’au moins 500 000 $ par jour de retard à BP, indiquent des documents du Congrès.

BP s’entoure pour éviter la faillite ou un rachat hostile

Englué dans l’une des plus graves catastrophes écologiques, le groupe pétrolier prend conseil auprès de banques dont Goldman Sachs pour gérer la crise. Des sénateurs démocrates évaluent à 20 milliards de dollars, le montant des dommages.

BP ne s’en sort plus seul. Pour gérer la plus grave catastrophe écologique et faire taire les rumeurs autour d’une éventuelle faillite, le pétrolier a engagé des conseillers qui aideront BP à répondre aux pressions financières, de plus en plus fortes.

La récente chute du cours de BP, qui s’est encore replié de près de 10% lundi tant à Londres qu’à New York et dont la valeur de marché a été réduite de plus de 45% depuis le début de l’accident, atteste que l’hypothèse d’une banqueroute n’est pas complètement écartée par les investisseurs. Ainsi, les conseillers seront chargés d’optimiser la gestion de la crise et d’éviter que les demandes de dédommagements ne coulent la multinationale ou la rendent vulnérable favorisant ainsi un rachat hostile. Le trio d’investisseurs mettra ainsi sur pied une stratégie afin de permettre au groupe de s’acquitter des demandes d’indemnisation sur les cinq prochaines années.

Mais, pour l’heure, BP ne confirme pas ces informations. Un porte-parole du groupe s’est contenté d’indiquer : «Ce n’est pas vrai, nous n’avons pas fait appel à des banques pour nous défendre» avant d’ajouter «nous engageons des banques à longueur d’année pour différentes raisons».

Des sénateurs réclament 20 milliards

L’information est toutefois révélée alors que l’administration américaine se montre plus que jamais déterminée à faire payer le groupe pétrolier. de dédommagements pour les victimes de la marée noire et le préjudice environnemental et commercial. Ils évoquent notamment les conséquences désastreuses sur la pêche et le tourisme dans la région du Golfe du Mexique, dans une lettre adressée au directeur de BP aux États-Unis.

Aide internationale

Face à la catastrophe qualifiée de «11-Septembre écologique» par Barack Obama, Washington peut compter sur la solidarité internationale.pour faire face à la marée noire. Des pays comme la France, le Royaume-Uni, le Mexique mais aussi les Émirats Arabes Unis ou le Vietnam ont offert de l’assistance sous forme d’équipements et d’expertise.

Prévision satellite de diffusion de la nappe de pétrole – 06.06.2010. (Merci à Christopher Johnson)

Les Affaires & Le Figaro

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