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La crise a glissé sur les plus fortunés. Ou presque. Selon le dernier rapport annuel « Global Wealth 2010 » présenté hier, à New York, par le Boston Consulting Group (BCG), le niveau global de la richesse privée a opéré un « remarquable come-back » en 2009 avec un rebond de 11,5 % (contre une chute de 10 % en 2008).

A 111.500 milliards de dollars, le niveau global de richesse estimé par montants d’actifs sous gestion a pratiquement retrouvé son pic de 2007 (111.600 milliards de dollars).

Stimulé par la poussée des économies émergentes, le nombre global des foyers millionnaires a également bondi de 14 %, à 11,2 millions de foyers, soit moins de 1 % des foyers de la planète qui se répartissent quelque 38 % de la richesse privée mondiale.

« L’année 2008 était dominée par la morosité. Le retour à un niveau de richesse d’avant la crise a été plus rapide que nous ne le pensions », a expliqué hier Monish Kumar, « senior partner » du BCG. En revanche, ce retour « à la normale » ne s’est pas reflété dans les performances des gestionnaires d’actifs dont les revenus ont chuté de 7,3 % en moyenne, malgré une réduction des coûts de 3,2 %.

Selon le BCG, ce recul de la performance des banques et des gestionnaires de fortune s’explique notamment par la chute du nombre de transactions et des négociations tarifaires plus dures. Malgré une prévision de hausse de 6 % par an du niveau global de la richesse sur cinq ans, le cabinet de conseil en stratégie prévoit encore une tendance à la baisse de la rentabilité des principaux acteurs de la gestion de la fortune du fait des pressions réglementaires.

« Il y a un incroyable niveau de liquidités qui reste encore à placer et va entrer en jeu », estime Monish Kumar. A lui seul, le niveau de richesse détenu en titres a augmenté de 32 % en 2009, pour atteindre 33.500 milliards de dollars, soit 30 % de la richesse globale. Malgré sa forte progression dans la région Asie-Pacifique (+ 56 %) et en Amérique latine (+ 52 %), cette part relative reste, toutefois, à un niveau inférieur à celle de 2007 (36 %).

Parmi les régions les plus dynamiques, l’Asie-Pacifique (hors Japon) a vu sa part de richesse bondir de 22 %, à 3.100 milliards de dollars, soit le double de la moyenne mondiale, même si les Etats-Unis conservent le gain le plus important (+ 15 %) en valeur absolue, avec un niveau de richesse privée de 4.600 milliards de dollars. En revanche, le nombre de millionnaires n’a augmenté que de 6 % au Japon contre + 35 % à Singapour, + 31 % en Chine ou + 33 % en Malaisie.

En 2009, la faiblesse du dollar a dopé la richesse dans la plupart des régions, particulièrement en Amérique latine et en Asie-Pacifique. Malgré les pressions réglementaires sur les paradis fiscaux qui sont dans la mire du G-20, le niveau global de la richesse géré dans les centres offshore est passé de 6.800 à 7.400 milliards de dollars en un an, la Suisse restant le premier centre offshore avec 27 % des actifs. Selon le BCG, l’afflux de clientèle asiatique et en provenance du Moyen-Orient devrait plus que compenser le recul éventuel de la clientèle européenne en Suisse.

Pour les cinq années à venir, le BCG anticipe un taux de croissance annuel de la richesse privée globale de 5,8 %, plus modeste qu’en 2009 et que sur la période 2004-2007, mais encore supérieur au taux de croissance moyen annuel des cinq dernières années. Avec 4,7 millions de foyers millionnaires, les Etats-Unis restent la patrie des millionnaires, loin devant le Japon et la Chine.

Les Echos

(Merci à Christopher Johnson)

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