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Les banques de la zone euro risquent de de­voir ins­crire dans leurs comptes 195 mil­liards d’euros de dé­pré­cia­tions sup­plé­men­taires d’ici la fin 2011, a es­ti­mé lundi la Banque cen­trale eu­ro­péenne, qui a par ailleurs revu à la baisse ses es­ti­ma­tions de dé­pré­cia­tions pour créances dou­teuses et moins-va­lues po­ten­tielles sur la pé­riode 2007-2010.

Cette perte qui consti­tue­rait la deuxième vague des pertes cau­sées par la crise fi­nan­cière et ses ré­per­cus­sions, a es­ti­mé lundi la Banque cen­trale eu­ro­péenne.

Dans son rap­port se­mes­triel sur la sta­bi­li­té fi­nan­cière, la BCE ajoute que les fi­nances pu­bliques re­pré­sentent ac­tuel­le­ment le risque le plus im­por­tant pe­sant sur la sta­bi­li­té de la ré­gion, les dettes et les dé­fi­cits conti­nuant de per­tur­ber les in­ves­tis­seurs tan­dis que les émis­sions mas­sives pré­vues par les États risquent de res­treindre l’accès des en­tre­prises et des banques au mar­ché du cré­dit.

La BCE es­time les dé­pré­cia­tions pour créances dou­teuses et moins-va­lues po­ten­tielles sur la pé­riode al­lant de 2007 à fin 2010 à 515 mil­liards d’euros, un chiffre revu en baisse par rap­port à celui de 553 mil­liards évo­qué en dé­cembre.

Tout en consta­tant que des me­naces d’in­ter­ac­tions dé­fa­vo­rables entre le sys­tème fi­nan­cier et les fi­nances pu­bliques sont déjà ap­pa­rues, la BCE note que les nou­velles me­sures adop­tées pour com­battre la crise ont consi­dé­ra­ble­ment ré­duit les risques de conta­gion. “D’im­por­tants dés­équi­libres bud­gé­taires de­meurent et il est de la res­pon­sa­bi­li­té des gou­ver­ne­ments d’af­fron­ter et d’ac­cé­lé­rer la conso­li­da­tion bud­gé­taire afin d’as­su­rer la sou­te­na­bi­li­té des fi­nances pu­bliques, non seule­ment pour évi­ter le risque d’un étouf­fe­ment de l’in­ves­tis­se­ment privé mais aussi pour ins­tau­rer les condi­tions per­met­tant une crois­sance éco­no­mique du­rable,” a dé­cla­ré le vice-pré­sident de la BCE, Lucas Pa­pa­de­mos.

Évo­quant une “deuxième vague” de dé­pré­cia­tions liées à la crise fi­nan­cière, il a pré­ci­sé que la BCE es­ti­mait les be­soins de pro­vi­sions des banques pour cou­vrir les pertes po­ten­tielles à 90 mil­liards sup­plé­men­taires en 2010 et 105 mil­liards en 2011. C’est la pre­mière fois que la BCE donne une es­ti­ma­tion chif­frée des dé­pré­cia­tions po­ten­tielles pour l’an pro­chain.

Ces mon­tants po­ten­tiels viennent s’ajou­ter aux quelque 238 mil­liards d’euros de dé­pré­cia­tions déjà pas­sées dans les comptes à fin 2009. Mais l’aug­men­ta­tion des dé­pré­cia­tions pour­rait être en par­tie com­pen­sée par le re­bond de cer­tains mar­chés et les banques pour­raient en­re­gis­trer des re­prises de pro­vi­sions d’un mon­tant sus­cep­tible d’at­teindre 32 mil­liards.

Les dé­pré­cia­tions pour­raient dé­pas­ser les es­ti­ma­tions si l’aug­men­ta­tion du risque sou­ve­rain et les ef­fets de se­cond tour des me­sures d’aus­té­ri­té bud­gé­taire pèsent sur la crois­sance éco­no­mique.

Les risques sur la crois­sance semblent glo­ba­le­ment équi­li­brés mais la BCE es­time que de nom­breux risques pour­raient se ma­té­ria­li­ser. “La crise est ter­mi­née mais la re­prise est mo­dé­rée“, constate aussi la BCE dans son rap­port. Pour la banque cen­trale, l’am­pleur des émis­sions d’em­prunt des États ne sou­lève pas seule­ment le risque d’un en­com­bre­ment du mar­ché pri­maire au dé­tri­ment des autres émet­teurs, mais aussi celui de voir les États-Unis ac­croître la pres­sion à la hausse sur les ren­de­ments obli­ga­taires, une évo­lu­tion à la­quelle les mar­chés pour­raient ne pas être pré­pa­rés. Même si les achats d’obli­ga­tions amé­ri­caines par des étran­gers ont aug­men­té ces six der­niers mois, ra­me­nant les ré­serves de cer­tains pays au-des­sus de leur ni­veau d’avant la crise, cette ten­dance pour­rait s’in­ver­ser, es­time la BCE. “Il sub­siste un risque im­por­tant de mou­ve­ments abrupts des ca­pi­taux à l’échelle mon­diale,” conclut la BCE, qui dé­plore l’in­suf­fi­sante flexi­bi­li­té des pa­ri­tés de change de la part de cer­tains pays émer­gents.

Dans la zone euro, les taux d’in­té­rêt bas fa­vo­risent les mé­nages en­det­tés mais ceux-ci res­tent ex­po­sés au risque d’une baisse des prix im­mo­bi­liers, pour­suit la banque cen­trale dans son rap­port, évo­quant aussi la pos­si­bi­li­té d’une re­mon­tée des taux. Les en­tre­prises, elles, sont ex­po­sées au risque d’une baisse de leurs pro­fits, aux consé­quences d’un ni­veau d’en­det­te­ment élevé et au dur­cis­se­ment des règles en ma­tière de cré­dit.

La BCE évoque éga­le­ment la pos­si­bi­li­té que se forment des bulles sur cer­tains mar­chés émer­gents en rai­son de la crois­sance ra­pide des flux d’in­ves­tis­se­ment, qui de­vrait at­teindre 66% cette année, la plus forte hausse de­puis plus de 15 ans. “Même si cela n’est pas consi­dé­ré comme un risque im­por­tant pour la sta­bi­li­té fi­nan­cière de la zone euro dans les cir­cons­tances ac­tuelles, cela mé­rite une sur­veillance étroite dans la pé­riode à venir,” es­time-t-elle.

L’Écho

(Merci à Virtus & Honor)

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