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Six militaires d’origine maghrébine viennent de saisir la Halde. Après avoir fait sanctionner un gradé pour racisme, ils ont subi les représailles de leurs supérieurs.

Il ne fait pas bon parler de la Grande Muette. Il y a huit mois, six gendarmes d’origine maghrébine, basés à Versailles-Satory, avaient osé accuser un gradé de racisme. Aujourd’hui, ils viennent de saisir la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Ils dénoncent les représailles qu’ils ont subi de la part de leur hiérarchie.

Dans le courrier adressé à la Halde, leur avocat Joseph Cohen-Sabban condamne des « mesures de rétorsion » contre « ces gendarmes désormais traités comme des traîtres » mais aussi contre ceux qui les soutenaient. Car, un septième gendarme, Marc* dont le contrat dans l’armée ne va pas être renouvelé, a rejoint le camp des plaignants.

« A cause des rebeux »

Son tort ? D’après cet ancien du GIGN, avoir défendu ses collègues maghrébins. Entendu par l’Inspection technique (les boeufs-carottes de la gendarmerie), Marc a en effet confirmé leur version. Il a notamment raconté cette cérémonie officielle au cours de laquelle Mohamed et Hamid se voient remettre leurs galons de sous-officiers. Le capitaine trempe lesdits galons dans un verre de bière et demande aux deux militaires de religion musulmane d’ouvrir la bouche.

Il veut déposer les galons imbibés d’alcool sur la langue, telle une hostie. Mohamed et Hamid refusent, il frotte alors les galons sur leurs joues avant de les coller sur leurs vêtements… Le capitaine en question va être sanctionné. Mollement. De l’autre côté, les militaires qui ont osé parlé se font dénigrés. Systématiquement. De l’adjudant qui provoque l’un des plaignants – « si l’escadron est dissout, c’est à cause des rebeux ! » – aux réflexions des gradés quand les militaires maghrébins entrent dans leurs bureaux – « Attention à ce que vous dîtes, ça va atterrir à la Halde ! » Le simple fait d’avoir pris un avocat leur est reproché. Sur le projet de notation de l’un d’eux il est écrit : « gendarme qui a rompu son devoir de réserve en parlant à un membre du barreau ».

Un seul rescapé

Contacté par France-Soir, Joseph Cohen-Sabban se désole : « Mes clients avaient conscience des risques que comportaient pour eux de saisir la Halde. Ces risques se sont réalisés. Après un premier temps où tout le monde a fait mine de jouer le jeu, la gendarmerie se venge. Elle brise leur carrière ». Des accusations que bat en brèche le lieutenant-colonel Pierre Bouquin, à la communication de la gendarmerie : « Le commandement de l’escadron n’a eu de cesse de rétablir une cohésion au sein des troupes. Et il est même plus particulièrement à l’écoute des personnes impliquées dans cette affaire. Il n’y a aucun acharnement. D’ailleurs, l’un d’eux a été élu par ses pairs représentant du personnel.

C’est la preuve que ce n’est pas quelqu’un en disgrâce. » Si on fait les comptes, huit mois après le début de l’affaire : un congé sans solde, un contrat pas renouvelé, deux mutations annoncées « dans l’intérêt du service pour incompatibilité d’humeur », et deux départs volontaires. D’ici à la fin de l’année, il ne restera plus qu’un seul des sept gendarmes à l’origine du scandale encore présents à Satory.

*Les prénoms des gendarmes ont été modifiés.

(** Les fautes d’orthographe de l’article d’origine n’ont pas été modifiées.)

France Soir

(Merci à Monsieur X)

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