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Un scandale financier ! Un de plus. Non, je ne vous parle pas de Goldman Sachs et de ses démêlés avec la SEC et deux banques mais d’un scandale qui a éclaté à côté de chez nous, à Saint-Etienne et qui fait mal. Très mal même. La crise financière mondiale vient de poser ses valises dans la municipalité du centre de la France, si bien que Saint-Étienne est, de fait, au bord du défaut de paiement.

Il y a quelques années, les dirigeants de Saint-Étienne ont décidé de réduire le poids de l’endettement de la municipalité en utilisant les produits dérivés. Tout cela en jouant avec l’argent des contribuables. Et dès octobre 2008, Alexandra Voinchet vous mettait en garde contre les pratiques dangereuses de nos édiles locaux.

Saint-Etienne a joué avec le feu… et s’est sérieusement brûlé

Au départ, il faut bien avouer que cela semblait une excellente idée. Pour financier plusieurs projets municipaux, la ville de Saint-Étienne a emprunté 22 millions d’euros à un taux de 4,9%. Un classique de l’endettement : taux fixe et durée connue.

Mais entre 2005 et 2008, la municipalité a décidé d’alléger le poids de sa dette et donc de réduire les coûts de son emprunt. Pour cela, elle a contracté différents swap – complexes et non-régulés évidemment.

Dans un premier temps, le choix de Saint-Étienne s’est avéré payant : en 2009, l’économie ainsi réalisée atteignait les 126 000 euros et le taux d’intérêt était tombé à 4,3%. Tout allait très bien donc… sauf qu’avec la crise, la machine des produits dérivés s’est emballée. Et Saint-Étienne a découvert le revers de la médaille…

Pas de chance pour la ville, les paris pris se sont avérés exécrables. Saint-Étienne avait par exemple parié sur la livre sterling contre le franc suisse. Malheureusement, depuis que l’accord de swap a été passé il y a deux ans, la livre sterling a perdu 21% face au franc suisse.

Le 1er avril dernier, un des accords de swap est arrivé à terme. Saint-Etienne devait donc payer des intérêts à hauteur de 1,18 million d’euros à la Deutsche Bank. Ce qu’elle a refusé de faire.

Saint-Etienne, première d’une longue liste

La municipalité stéphanoise est dans une situation particulièrement difficile. Car pour annuler les 10 contrats de swap, Saint-Étienne devra débourser 100 millions d’euros. Tout cela, au départ, pour un emprunt de 22 millions d’euros !

Saint-Étienne n’est pas la seule ville concernée en France et plus généralement en Europe. D’après Eurostat, en 2008, les municipalités et autres entités locales européennes étaient endettées à hauteur de 1 210 milliards d’euros, dont plusieurs milliards en produits dérivés.

Les produits dérivés ou comment attraper des gogos à sec

Pour justifier leur refus de payer la Deustche Bank, les autorités stéphanoises ont expliqué que la banque allemande ne l’avait pas mise en garde contre les dangers des swaps… C’est possible, en effet.

C’est là que cela devient complètement ridicule mais aussi très révélateur de la crise actuelle. Les investisseurs s’imaginent que la Bourse et surtout les produits dérivés sont des placements sûrs qui leur permettront de gagner à tout coup sur le long terme. Ils ne savent pas ce que les banques leurs vendent, mais ils préfèrent ignorer les risques. La complexité est constitutive aux produits dérivés.

Au-delà de la responsabilité des banques et des produits dérivés, le second enseignement à tirer des malheurs stéphanois est la question de l’endettement. Non seulement, les dettes menacent au niveau étatique, mais aussi au niveau local.

En France, cette tendance ne va pas aller en s’améliorant. Rappelez-vous, la loi de décentralisation. Le gouvernement a attribué plus d’indépendance et de pouvoir aux entités régionales et locales. Mais l’indépendance va de paire avec les moyens financiers.

Les régions et les villes ont tendance à s’endetter de plus en plus… et ont cédé aux fruits défendus des produits dérivés.

Conclusion, non seulement le défaut de paiement menace les États, mais aussi les collectivités territoriales…

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