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Par le Père Augustin

Le vocabulaire du dixième chapitre de l’Evangile de saint Jean, dont nous lisons un extrait ce dimanche peut nous surprendre : berger, brebis, loups ravisseurs etc. Ce sont des réalités un peu mythiques pour nous. Il n’y a plus de loup aujourd’hui que dans le Petit Chaperon rouge. Le pacte des loups ? C’était au XVIIème siècle que cela se passait.
Au XVIIème siècle ? Allez savoir ! Il me semble que les pacte des loups contre les brebis, c’est aujourd’hui et que, comme je le soulignais tout à l’heure, les loups hurlent parce qu’ils sentent approcher l’heure du festin. Saint Pierre, dans l’épître, note la contemporanéité permanente de cette situation, pot de terre contre pot de fer, loups contre brebis : « Vous étiez comme des brebis errantes, mais actuellement vous êtes revenus au pasteur et à l’épiscope [gardien ou évêque] de vos âmes ». Saint Pierre nous parle des évêques et des gardiens du troupeau du Christ, dont le rôle est de rassembler les brebis dispersées par les loups.

Qu’est-ce qui rassemble les brebis et leur donne la force de faire fuir les loups : la voix du berger, qu’elles reconnaissent entre mille : « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent ». Devant Pilate, Jésus dira équivalemment : « Celui qui est de la vérité entend ma voix », car connaître le Christ c’est justement reconnaître qu’il est, lui Christ, « de la vérité ».
Il est vrai que les gardiens (épiscopes) ne sont plus très audibles aujourd’hui. Parce qu’on leur coupe la chique, parce qu’ils ne savent plus très bien quoi dire, ou bien, cela s’est vu, parce qu’ils ne savent plus que hurler… avec les loups. Alors ? eh bien à nous de tendre l’oreille pour reconnaître ce que j’appellerais « le son familier de la vérité ». A nous de ne pas nous laisser impressionner par le tapage (Benoît XVI parle de jacasserie : il vise la volière médiatique). Il faut tendre l’oreille, certes. Mais moyennant ce petit effort d’attention, ne dites pas que vous ne reconnaissez pas le son familier de la parole vraie.
Aristote, quatre siècle avant Jésus Christ, disait, au début de sa Métaphysique, que « manquer la vérité, c’est comme manquer une porte avec une flèche ». Cela m’a toujours fait penser à une scène de la Gloire de mon père de Marcel Pagnol, où les enfants s’amusent à tirer à l’arc sur la porte des WC, au grand dam d’un occupant de passage. Dans Marcel Pagnol, vous voyez, même les enfants qui s’amusent ne manquent pas la porte avec une flèche. Et nous ?

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