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Evariste Huc (1813-1860) était un religieux français de l’ordre des Lazaristes. Missionnaire en Chine, il effectua des missions d’exploration en Mongolie (Tartarie) et au Tibet en 1844-1846. Il fut le premier Français à entrer au Tibet et l’un des premiers Européens à en ressortir vivant. Il a laissé des relations de ses voyages pleines d’observations, de verve et d’humour.
Dans ses Souvenirs d’un voyage au Thibet, il compare la situation, en Chine, des musulmans (les Houi-houi) à celle des chrétiens. Un constat qui reste d’actualité… en Europe.

Souvent nous nous sommes demandé comment il se faisait que les chrétiens de Chine vécussent dans l’oppression et à la merci des tribunaux, tandis que les musulmans marchaient le front levé et contraignaient les Chinois à respecter leurs croyances.

Ce n’est pas certainement que la religion de Mahomet soit plus en harmonie avec les mœurs chinoises que le christianisme ; bien au contraire, les chrétiens peuvent, sans manquer à leurs devoirs religieux, vivre dans l’intimité avec les païens, assister à leurs repas, s’envoyer mutuellement des cadeaux, célébrer en même temps les fêtes du nouvel an, toutes choses qui sont défendues aux Houi-houi par l’esprit despotique et exclusif de leur religion. Si les chrétiens sont partout opprimés, en Chine, il faut s’en prendre à ce grand isolement au milieu duquel ils vivent.
Quand l’un d’eux est traîné devant les tribunaux, tous les autres se cachent, au lieu de venir à son secours, et de réprimer par leur nombre l’audace des mandarins. Aujourd’hui surtout, qu’il existe de nouveaux décrets impériaux favorables au christianisme, si les chrétiens se levaient à la fois sur tous les points de l’empire, et entraient énergiquement en possession de leurs droits, donnant de la publicité au culte, et exerçant sans peur et à la face du soleil leurs pratiques religieuses, nul doute que personne n’oserait attenter à leur liberté. En Chine c’est comme partout ailleurs ; on n’est libre que lorsqu’on le veut bien, et ce vouloir ne résulte que de l’esprit d’association.
Source : Souvenirs d’un voyage au Thibet, Librairie d’Adrien Le Clere, 1850, >> chapitre 2, pp76-77

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