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Le gouvernement doit mettre “un holà au système” de crédit à la consommation, qui réserve bien souvent les taux d’intérêt les plus élevés aux gens les plus modestes. Malgré les avancées du projet de loi sur le crédit à la consommation, les Associations regrettent qu’il n’aille pas plus loin.

Les banquiers sont de nouveau dans la ligne de mire du gouvernement. Cette fois-ci, c’est le crédit revolving qui est pointé du doigt. Le gouvernement et le parlement veulent mieux l’encadrer et préparent un projet de loi pour le premier trimestre 2009. Le crédit “revolving” (en français, renouvelable) est un crédit à la consommation avec des taux d’intérêts variables et dont le remboursement du capital et des intérêt peut s’échelonner jusqu’à 4 à 5 ans. Ce type de crédit entraîne les ménages les moins solvables (avec des capacité de remboursement douteuses) dans une spirale d’endettement dangereuse. L’engrenage s’enclenche lorsque les ménages doivent contracter de nouveaux crédits pour rembourser les premiers: 82% des ménages passés en commission de surendettement détiennent des crédits renouvelables et en moyenne, ils ont 7 comptes ouverts.
Au total, selon le rapport Pour un développement du crédit responsable du crédit renouvelable en France, réalisé par le cabinet Athling Management, 9% des Français ont au moins un “revolving,” et souvent plusieurs, ce qui fait 43,2 millions de comptes actifs fin 2007, les trois quarts avec une carte de paiement.


Les pièges du crédit revolving

Au départ, le crédit renouvelable a été conçu pour des ménages aisés. Il permettait de répondre à un problème de décalage de trésorerie. Acheter une voiture à crédit est possible et peu risqué si l’emprunt est rapidement remboursé. Les mensualités sont alors élevées mais concentrées sur un à deux mois, le coût des intérêts ne pèsent pas beaucoup. Mais ces crédits ont été aussi proposés à des ménages en difficulté financière. “Les ouvriers et employés sont surreprésentés dans le crédit renouvelable et les commissions de surendettement,” relève Vanessa Dagand, responsable banque finance à l’UFC-Que Choisir.

Pour acheter une machine à laver à 400 euros, les distributeurs de crédit proposent une réserve d’argent entre 1.500 et 3.000 euros (le plafond) utilisables aussi pour tout autre achat. Au début, les ménages ne paient que les intérêts. Les mensualités sont faibles de l’ordre de 15 à 20 euros par mois, ce qui donne l’illusion d’un coût du crédit très intéressant mais avec des taux d’intérêts variables et un programme de remboursement très étalé, le coût final du crédit s’avère très élevé. Ces ménages ne sont pas capables de visualiser leur plan d’amortissement,” explique t-elle.

Le vrai coût de l’assurance

En outre, le ménage ne peut pas connaître le coût total à cause de l’impact inconnu des taux variables. “Personne n’est capable de dire où il se trouve dans son remboursement,” explique Vanessa Dagand.

Les taux d’intérêts sont de 10 à 20%, soit un taux très proche de l’usure (21,09%). A ces taux, il faut rajouter le coût des assurances qui est minimisé par les distributeurs du crédit. Ils ne communiquent que sur des taux mensuels de 0,5 à 0,6%. Annuellement, l’assurance crédit est de 6 à 7%. Ces frais d’assurance ne sont pas compris dans le TEG (taux effectif global), censé indiquer le coût réel de l’emprunt après compilation de tous les faux frais. En réalité, le taux annuel peut donc aller jusqu’à 27% si l’on ajoute le taux d’assurance. C’est à dire bien au delà du taux d’usure.

En dépit du risque élevé des ces crédits, les organismes qui les distribuent ne manquent pas de relancer les ménages pour qu’ils y recourent le plus souvent possible. La réserve d’argent disponible accordée au début se reconstitue à la fin du remboursement. Lorsque les ménages ne peuvent plus payer, “les organismes ont des méthodes de recouvrement du crédit très développées. Les relances téléphoniques quotidiennes s’apparentent à un harcèlement du consommateur. Les organismes veulent éviter à tout prix que leur client ne tombe dans une procédure de surendettement. Et au final, ils réussissent car les clients cèdent à leurs injonctions,” affirme l’UFC Que Choisir.

Qui propose du crédit revolving?

Trois acteurs proposent du crédit renouvelable: les établissements de crédit spécialisés (Cetelem, Cofidis, Laser Cofinoga, Sofinco), les banques (BNP, Crédit Agricole, Société Générale), et les distributeurs commerciaux (3 suisses, Auchan, Carrefour…). Mais tous ces acteurs ont des intérêts intimement liés. Les distributeurs ont créé des sociétés communes avec les organismes de crédit, eux même filiale des banques.

Au final, ce sont les banques qui mènent le jeu. Par exemple, Carrefour propose, dans ses grandes surfaces, des crédits renouvelables par le biais de sa société S2P Carrefour. Elle est détenue à 60% par Carrefour et à 40% par Cetelem. Or, ce dernier est mandaté par BNP Paribas.

Selon le rapport du cabinet Athling Management, BNP et le Crédit Agricole gèrent les deux tiers de l’encours de crédit revolving par le biais de leur filiale. Une concentration camouflée par la multitude d’organismes. Les organismes de crédit renouvelable inscrivent dans leurs bilans ces encours, les banques s’en débarassent ainsi. “Les sociétés spécialisés dans le crédit à la consommation s’occupent des mauvais crédits et les banques ne gardent que les bons crédits. Pour leur image. D’ailleurs,les banques déclarent ne distribuer que 3 à 4% de crédit revolving,” note Vanessa Dagand.

E24

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