Fdesouche

A Dunkerque, les ouvriers en grève de la raffinerie Total, plongés dans la plus grande incertitude quant à leur avenir, ne savent plus pour qui voter. Les délocalisations et la «casse industrielle» sont leurs principales préoccupations.

Au soleil sur le piquet de grève, devant sa raffinerie menacée, à Dunkerque, Hervé ira voter, «comme toujours». Sans illusion : «Qu’est-ce qu’ils peuvent faire, les politiques à la Région? Ils n’ont pas d’emprise sur les multinationales. Le gouvernement a déjà du mal». (…)
En haut de leur palmarès, «ceux qu’on a vu plus que d’autres» : le maire socialiste de la ville voisine de Grande-Synthe, et la liste «Front de Gauche» aux régionales. Pour les autres? «Certains, ce sont des barons qui se déplacent, grince Benjamin Tange, délégué CGT. Il suffit de voir comment ils sont fringués». (…) Benjamin Tange : «C’est pas Sarkozy qui gouverne. C’est le Medef. Ils veulent délocaliser, ils délocalisent». En quelques mois, le chômage est passé à 12,5%.
«On ne sait même plus pour qui voter ni à qui faire confiance», dit Rémi, 28 ans. «Total fait d’énormes bénéfices, puis décide d’arrêter sa raffinerie la plus récente. On pouvait prendre les devants. Fabriquer du gasoil à partir d’algues marines par exemple». Il voudrait «des lois pour empêcher les entreprises bénéficiaires de délocaliser». Benjamin Tange pense qu’il faut voter pour «sanctionner le gouvernement et faire cesser la casse industrielle».
Philippe, dit «Astérix» à cause de la moustache, ça lui rappelle la fermeture des chantiers navals de Dunkerque en 88, «avant les élections aussi». Il est devenu intérimaire «à Saint-Nazaire, en Italie, pas souvent chez moi. Les enfants, je les ai pas vus grandir». Il rêve d’un «petit mai 68», hésite «entre le Front de Gauche et le Front National». Les autres regardent leurs chaussures. Le délégué : «Le FN, ils sont contre les grèves». A Saint-Pol sur mer, juste à côté, le FN a connu une poussée à près de 40% en 2002. (…) Jean-Luc déclare :«j’irai voter, mais pas comme avant»
Dans cette usine de pointe, où la plupart des ouvriers ont le bac ou un BTS, Hervé se demande ce que feront ses enfants, si l’industrie continue à fermer boutique. «Ils ne seront pas tous médecins». Et puis «avec la suppression de l’histoire géo, pour avoir une conscience politique, il va falloir qu’on leur donne des cours d’histoire».
Source : Libération

Fdesouche sur les réseaux sociaux