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Tribune libre de Paysan Savoyard
Selon les immigrationnistes, la société française a besoin de l’immigration et de l’enrichissement que celle-ci procure : si elle choisissait de se replier sur elle-même, la France ne pourrait que dépérir.
Cet argument des immigrationnistes, qui concerne la dimension culturelle et « civilisationnelle » (nous avons traité dans de précédentes tribunes de l’immigration de travail et de la richesse économique que l’immigration est censée procurer), est d’apparence séduisante. Il nous paraît pourtant relever du registre des idées toutes faites qui ne correspondent pas à la réalité.
Notre société a certes besoin d’échanges, mais pas d’immigration
Pour rester vivante et créative, une société a besoin, la chose n’est pas niable, d’échanges et de contacts avec les autres cultures et les autres civilisations. De fait, le passé de la France et des autres pays européens est constitué d’interactions, économiques bien sûr, mais tout autant culturelles. Grâce à ces relations, les différents pays européens ont, par exemple, profité de la renaissance italienne au 16e siècle, du rayonnement du classicisme français au 17e, de l’influence culturelle et intellectuelle allemande au 19e. Les contacts entre artistes, intellectuels, marchands et diplomates sont donc indispensables. De même le tourisme peut être une occasion d’échanges fructueux (même s’il comporte également des aspects pervers, notamment lorsqu’il s’agit d’un tourisme de masse).
S’il doit se nourrir de contacts avec d’autres cultures pour se développer et se ressourcer, un pays comme le nôtre, solidement organisé, doté d’une culture riche et ancienne et d’une histoire foisonnante, n’a en revanche pas besoin d’une immigration massive. C’est ainsi que la France, pour nous en tenir à cet exemple, a bénéficié d’un grand rayonnement en Europe à plusieurs reprises, notamment au Moyen-âge sous le règne des grands capétiens, ou à l’époque classique sous celui de Louis XIV. De façon générale, la culture française a été, tout au long de l’histoire du pays, riche et prestigieuse dans les différents domaines de l’art et de la pensée. Or jusqu’à récemment la France n’a connu aucune immigration massive (elle n’accueille une immigration significative que depuis le milieu du 19e siècle ; en outre, jusqu’au milieu du 20e, cette immigration est restée exclusivement européenne).
Précisons que ces différents constats valent pour les autres pays européens.
La société française n’est pas menacée par l’enfermement mais tout au contraire par une ouverture sans retenue, qui lui fait perdre ses racines
Le danger que nous courons n’est pas celui d’un appauvrissement qui naîtrait d’un repliement sur nous-mêmes et d’une crispation autour de nos valeurs et de nos coutumes. Le risque vital qui pèse sur nous est exactement inverse : d’un point de vue culturel et civilisationnel, la société française (comme les autres sociétés européennes) est menacée par son ouverture débridée à d’autres cultures, qui entraîne une uniformisation des coutumes, des mœurs et des pratiques culturelles, un nivellement et un étiolement des cultures nationales.
Les modes de vie et les pratiques culturelles inspirées par les Etats-Unis se sont comme chacun sait imposées à l’échelle mondiale. Dans les pays industrialisés, la société est désormais articulée, selon le standard américain, sur le modèle de la production et de la consommation de masse. Cette marchandisation de la société, qui a gagné la plupart des régions du monde, s’accompagne d’une domination croissante de pratiques relevant d’une culture mondialisée, d’inspiration là encore souvent américaine (qu’il s’agisse de la langue, de la musique populaire, des habitudes alimentaires, du cinéma ou des productions de télévision).
Cette évolution s’est opérée au détriment des cultures et des coutumes nationales, qui ont à l’évidence régressé, en France notamment. Il y a lieu d’insister sur ce constat. La société française a longtemps été caractérisée par sa diversité : diversité des langues régionales, des pratiques culturelles locales, diversité des architectures, diversité des paysages. Au 19e siècle les républicains se sont efforcés d’éradiquer les parlers locaux. Dans la seconde partie du 20e, le modèle de société matérialiste et productiviste a standardisé les paysages et les façons d’occuper le territoire (agriculture industrialisée ; zones commerciales ; lotissements ; infrastructures de transport…). Des éléments substantiels de l’identité française, jusque-là riche et diverse, ont ainsi disparu ou se sont affadis.
La standardisation et l’appauvrissement culturel revêtent un autre aspect : il apparaît que la culture française et européenne est ignorée et suscite l’indifférence d’un nombre croissant de Français et d’européens. L’exemple souvent donné est anecdotique : les Français, spectateurs des feuilletons et des films, sont souvent plus au fait des arcanes du système judiciaire américain que du leur. Il est d’autres indices, plus lourds de conséquences : c’est ainsi que les Français, les jeunes en particulier, même lorsqu’ils sont européens de souche, connaissent généralement mieux l’islam que la religion chrétienne, dont souvent ils ignorent tout, alors qu’il s’agit de la religion historique de l’Europe. De sorte qu’il n’est pas excessif de dresser le constat suivant : une partie non négligeable des Français, peut-être même leur majorité, sont aujourd’hui, soit par ignorance, soit par indifférence assumée, profondément coupés de leur passé et de leurs racines civilisationnelles.
L’immigration ne peut, par nature, constituer une source d’enrichissement civilisationnel
L’immigration ne peut être un remède à ces évolutions négatives. Probablement au contraire aggrave-t-elle le mal.
Les personnes qui émigrent, tout d’abord, sont rarement à même de faire bénéficier les sociétés d’accueil d’éléments positifs de leur culture originelle. Les immigrés sont en effet fréquemment issus, dans les pays d’émigration, de zones urbaines bidonvillisées, produits de l’exode rural. En outre l’immigration en elle-même les déstabilisent et les coupent par définition de leur culture initiale. Le plus souvent les  immigrés baignent dans une sous-culture mondialisée et dénaturée, axée sur la consommation et sur l’imitation des mœurs en vigueur dans les quartiers-ghettos afro-américains.
De façon générale, on ne voit pas par quelle alchimie miraculeuse les populations immigrées déracinées et fragilisées pourraient contribuer à « enrichir » un pays développé et de vieille culture comme le nôtre. Si, d’ailleurs, ces populations sont bien aptes, ainsi que l’affirment les immigrationnistes, à procurer à la société française un enrichissement non seulement économique mais également culturel et civilisationnel, on se demande pourquoi elles ne se sont pas montrées capables de développer leur propre pays, qu’elles ont préféré fuir.
L’immigration, enfin, contribue par nature à couper la société française de ses racines puisqu’elle augmente la proportion de la population résidant en France dont les liens avec la culture française sont distendus ou absents. Les faits d’actualité démontrent quotidiennement que, sauf exception, les immigrés ne cherchent pas à s’approprier la culture locale mais tendent le plus souvent, au contraire, à refuser toute assimilation, tout en restant confinés dans le registre de la plainte et de la récrimination.
Tout montre qu’au lieu de constituer un facteur d’enrichissement, les populations immigrées représentent au contraire une source de difficultés majeures pour nos sociétés européennes (difficultés que nous recenserons à l’occasion de prochains articles) : fragilisation des services publics et des systèmes sociaux, dégradation des conditions d’emploi et de travail, insécurité, tensions communautaires….

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Loin d’être guettées par un enfermement qui les appauvrirait et les assécherait, la société française et la civilisation européenne sont au contraire menacées par leur trop grande perméabilité à la mondialisation et à l’immigration. Si elles veulent vivre, croître de nouveau et, le cas échéant, rayonner, les sociétés européennes doivent aujourd’hui retrouver leurs racines et leur identité ; se les réapproprier ; les admirer ; les aimer. Faute de quoi elles disparaîtront, dans le maelström mondialisé, abâtardi, anarchique, anomique, haineux et violent qui, chaque jour un peu plus, menace de tout emporter.

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