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Les créances s’élèvent à 229% du PIB.

Le premier ministre a promis un plan de redressement pour juin.

L’agence Standard & Poor’s vient de dégrader la note des obligations japonaises.

Moody’s menace d’en faire autant.

Le message a été entendu.

Pour preuve, le premier ministre Yukio Hatoyama vient de promettre un plan pour contenir l’explosion de la dette en juin.

Le Japon sera-t-il la prochaine Grèce ? Les investisseurs vont-ils continuer à lui faire confiance ? Un programme d’austérité ne s’impose-t-il pas pour redresser ses finances publiques ?

Ces questions ne sont pas fortuites. La dette publique japonaise se rapproche de 230% du produit national brut (PIB). A titre de comparaison, celle des États-Unis est de 92%, celle de la Grande-Bretagne de 70% et celle de la Grèce, de 120%.

De passage mardi à Genève dans le cadre d’une table ronde sur le thème «Incertitudes macroéconomiques ou comment répondre à travers la gestion alternative» organisée par la banque Syz, Kyle Bass, gérant de fonds, porte un regard presque désespéré sur les finances publiques japonaises. Il fait ressortir que le budget 2009 prévoyait des recettes de 41 800 milliards de dollars, contre des dépenses de 95 900 milliards, dont 20 000 milliards affectés au service de la dette. «C’est une situation malsaine; aucune économie ne peut pas se permettre de dépenser le double de ses revenus», déplore-t-il. Cette situation intenable n’est pas étrangère au fait que le Japon ait changé de ministre des Finances sept fois durant les trois dernières années.

Augmentation de la TVA

Selon Kyle Bass, les perspectives japonaises s’assombrissent davantage si l’on tient compte de la population vieillissante du pays. «Le nombre de salariés diminue au fil des années et il n’y aura bientôt plus d’épargnants pour acheter les obligations d’État», dit-il. A présent, 95% des obligations sont détenues par les investisseurs locaux. Tokyo devra bientôt compter sur les marchés financiers internationaux, mais ces derniers seront peu enclins pour acheter des titres douteux.

Le Japon pourra sans doute refinancer sa dette sur le marché international, mais à condition de débourser un rendement supérieur à celui du marché. A terme, selon Kyle Bass, le Japon ne pourra pas honorer ses créances. En janvier, un ancien ministre des Finances mettait en garde contre «une hausse incontrôlable» de rendements des titres japonais.

Dans le pays même, les experts ne contestent pas la gravité de la situation. Dès lors, les spéculations vont bon train sur les mesures qui seront annoncées par le premier ministre en juin. Une hausse de la TVA, 5% actuellement, paraît inévitable. En Europe, le taux est de 20%. Le débat se porte plutôt sur l’application d’une telle mesure et sur son impact sur les retraités. Une forte et brusque augmentation pourrait freiner la consommation et provoquer un ralentissement économique. Ce fut le cas en 1997.

D’ici là, le gouvernement, en place depuis octobre, tente quelques ajustements. Il ne veut plus respecter certaines de ses promesses électorales qui impliquent des réductions de recettes publiques, notamment l’abolition des péages sur les autoroutes et les redevances scolaires.

Le Temps

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