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Contrairement à ce qui se passait lors des crises précédentes, la récession économique semble cette fois atteindre Hollywood. Licenciements en masse, réduction des budgets et des productions, spectre d’une grève des acteurs… Rien ne va plus sur la colline dorée du 7ème art.
Longtemps, Hollywood s’est cru à l’abri des aléas économiques qui secouent régulièrement le pays : même pauvre, l’Américain moyen a besoin de rêver, et Hollywood n’est pas «l’usine à rêves» pour rien.
Après le krach boursier de 1929, le box-office a augmenté de 58,2 %. À la suite des attentats de 2001, il a fait un bond de 8,6 %.
Mais aujourd’hui, Hollywood fait face à un vrai malaise qui, derrière la surface glamour, commence à faire mal. Certes, des hôtels luxueux continuent de voir le jour à Beverly Hills (une suite dans le récent Montage coûte 7 500 dollars la nuit) et les stars ont toujours des salaires mirobolants. Jim Gianopoulos, patron de la Fox, le disait mieux que quiconque : «Le système n’est pas tellement bénéficiaire pour les compagnies, mais il l’est pour les individus.»
D’ailleurs, le box-office américain de 2008 n’est-il pas, avec plus de 9,6 milliards de dollars de revenus, une preuve de bonne santé ? Ah, mais c’est là que le bât blesse : ce chiffre est dû à l’augmentation du prix du billet et non au nombre de billets vendus, qui, lui, est fortement décroissant.
Selon un sondage, 32 % des Américains veulent réduire leurs dépenses cinéma en ces temps difficiles. La vente des DVD (énorme source de revenus) a enregistré une baisse de 9 %, et cela avant même que la crise n’atteigne des proportions effrayantes. Rien ne va plus à La-La-Land.

La situation est d’autant plus fragile, que la crise survient après une grève des scénaristes dont les effets dévastateurs, notamment en télévision, perdurent : de nombreuses séries ont été annulées, celles qui sont revenues ont réduit leur nombre d’épisodes entre 20 et 40 %, et 25 % de travailleurs divers n’ont pas retrouvé d’emploi. Hollywood, déjà mal en point, n’en vacille donc que davantage.
«Il y a une atmosphère de déprime», explique une attachée de presse qui représente des comédiens. «La crise ne fait qu’accentuer l’effet de la grève. Tout le monde est affecté : les acteurs et les techniciens, mais aussi les agents, les managers, les stylistes, les restaurants, les chauffeurs, etc.»
Quatre paramètres supplémentaires rendent la situation plus délicate encore. Primo, même si les studios affichent une relative bonne santé, ils appartiennent à des conglomérats qui, eux, ne sont pas forcément dans le même cas.
Deuxièmement, la possibilité peu coûteuse de voir des films ou des séries télé par le biais de l’internet, permet aux spectateurs de faire des économies, en évitant les salles ou en annulant les abonnements au câble.
Troisièmement, les revenus publicitaires, essentiels pour les chaînes de télévision, se réduisent de jour en jour, surtout depuis que les annonceurs principaux – les constructeurs automobiles – sont officiellement au bord de la faillite.
Enfin, Hollywood entretient des liens complexes avec les banques et les investisseurs étrangers : ces liens sont, on l’imagine, mis à rude épreuve.

Résultat ? Des licenciements à la pelle. MTV congédie 300 employés, Paramount 100, NBC-Universal 500. The Weinstein Company, CBS et la Warner Bros font du ménage. Et ce n’est que le début.

Le discours de Brad Grey, à la tête de la Paramount, est symbolique : «Nos décisions font partie d’une stratégie globale pour surmonter les problèmes inhabituels auxquels le marché est confronté.»

Le refinancement de DreamWorks est incertain. Le plus gros choc : NBC va arrêter de produire des séries pour la case très cotée de 22 heures et les remplacer par le célèbre talk-show de Jay Leno : «Cinq nuits de ce show coûtent 2 millions de dollars», explique Meg James du Los Angeles Times. «L’équivalent de la somme dépensée pour un seul épisode d’une heure de n’importe quelle série.» NBC va donc faire des économies – mais aussi, mettre au chômage les centaines d’employés de ces séries.
Pour couronner le tout, le syndicat des acteurs n’a toujours pas signé d’accord avec les studios : le spectre d’une grève, au sein de ce paysage économique morose, divise amèrement les comédiens. Il y a de la rancoeur dans l’air.
«Comment pouvons-nous faire grève et mettre en danger des emplois, alors que nous traversons la crise financière la plus grave depuis la Dépression ?» a écrit, furieuse, l’ex-présidente du syndicat, Melissa Gilbert (La petite maison dans la prairie). Plus de 130 stars – dont Matt Damon, George Clooney, Tom Hanks, Charlize Theron – ont signé une lettre publique, demandant à ce qu’une grève soit repoussée.
Une seule certitude : pour Hollywood, la route de 2010 va être épineuse et escarpée.
L’Express
(Merci à SPOILER)

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