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« Une monnaie papier, basée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l’imprime, finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire zéro ».
Voltaire avait vu juste : depuis la création de la Fed (Réserve fédérale américaine) en 1913, le dollar a perdu 96% de sa valeur.
En d’autres termes, un épargnant qui, depuis cette date, aurait conservé son avoir en billets verts, serait ruiné.
C’est la raison pour laquelle la Chine, qui dispose de quelque 2400 milliards de dollars de réserves de changes, investit aujourd’hui à tout-va dans des actifs réels : or, minerais et entreprises minières, pétrole, gaz naturel, terres agricoles, forêts, etc.

Une façon de nourrir sa formidable croissance certes, qui la pousse à « participer activement » à la compétition pour les ressources naturelles, mais aussi parce que cela vient compenser l’érosion continue de ses réserves monétaires : si le dollar baisse, le prix des actifs libellés en dollars augmente.

D’autant plus que ces acquisitions d’actifs se font à l’aide de dollars. On en arrive donc à cet étrange paradoxe : d’un côté la banque centrale chinoise achète du dollar par pelletées pour éviter une appréciation du yuan qui serait préjudiciable aux exportations, moteur de la croissance ; c’est ce qui explique l’actuel regain de forme du billet vert, les mésaventures de la Grèce et autres PIGS de l’Union européenne faisant le reste. D’un autre côté, la Chine se déleste discrètement de ses dollars en les échangeant contre des valeurs concrètes, contribuant à l’érosion de la devise qui constitue la plus grosse partie de son trésor.
Comme on le voit, à l’instar des politiques monétaires américaine ou européenne de « sortie de crise, » le succès de la Chine en matière de gestion des changes dépendra de la finesse de son pilotage. Mais une chose est sûre : le jour où elle estimera pouvoir se passer de son grand rival et néanmoins partenaire, elle lâchera la devise américaine, sans le moindre scrupule.
Olivier Demeulenaere

(Merci à anti-Hacker)

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