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Pour Bernard Girard, enseignant blogueur, l’enseignement de la Marseillaise à l’école est une «diversion idéologique». L’apprentissage d’un sentiment national ne serait pour lui qu’un moyen d’occulter la solidarité «de classe» bien plus naturelle avec «l’ouvrière indonésienne, le paysan brésilien, le plombier polonais» ou les sans papiers.

(…) en conduisant un enfant à se reconnaître comme Français, en lui attribuant cette identité de préférence à toute autre, il s’agit, en étouffant toute forme d’esprit critique, d’occulter tout un pan du monde réel qu’on n’a peut-être pas trop intérêt à dévoiler. (…)
On retrouve là la vieille rhétorique lepeniste et xénophobe selon laquelle on se sent plus proche de ses enfants que de ses cousins, de ses cousins que de ses voisins, du Français plutôt que de l’étranger, rhétorique reprise sans sourciller par l’école de la République.
Dans cette optique, la Marseillaise joue un rôle de diversion idéologique : il s’agit, en la chantant, de détourner l’attention de l’injustice sociale pour la reporter vers un sentiment d’unité, de communauté nationale, sentiment complètement artificiel mais qu’il est strictement interdit de remettre en cause.

A-t-on remarqué que l’« outrage» à la Marseillaise et au drapeau national -en fait, la simple raillerie sur un refrain et sur un bout de chiffon- constituent un délit au même titre que, sous l’Ancien Régime, le blasphème ?
Une société ainsi aseptisée, anesthésiée par le sentiment national, sera alors prompte à faire porter à l’autre, à l’«étranger», la responsabilité de ses propres malheurs et acceptera sans état d’âme la traque policière sur les sans-papiers, les camps de rétention, les charters d’immigrés, les atteintes toujours plus graves aux droits de l’homme. Il suffira alors à n’importe quel politicien ambitieux d’entretenir la grande frayeur devant l’étranger, de jouer du bouc émissaire, pour emmagasiner les suffrages aux élections.
Cette dimension de diversion que prend la Marseillaise à l’école s’inscrit dans un cadre plus large d’ethnicisation de la réalité sociale, procédé bien pratique pour évacuer toute réflexion dérangeante ; le problème des banlieues, ce n’est pas le chômage, la pauvreté, la discrimination, mais la présence d’Arabes, d’Africains ou de musulmans nécessairement inassimilables. De même à l’école, il suffira d’affirmer la francitude des élèves pour, d’un coup de baguette magique, résoudre tous les problèmes. (…)
Source : Rue 89

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