Fdesouche

Le Prix Nobel d’économie estime que les États n’ont pas retenu les leçons de la crise, et ne perçoit pas de reprise avant 2011-2012. L’Afrique fait figure de «victime innocente».

«Préparons-nous pour la prochaine crise.» Pour le Prix Nobel Joseph Stiglitz, les pays industrialisés, États-Unis en tête, n’ont pas tiré les leçons de la récession d’où ils sortent péniblement et commettent les mêmes erreurs qui ont conduit à la crise de 2008-2009.
«Le secteur financier retrouve sa toute-puissance, les banques, de plus en plus grandes, prennent des risques insensés alors que les régulateurs peinent à faire entendre leur voix,» a-t-il déclaré à Tunis lors d’une conférence organisée par la Banque africaine de développement, sur le thème «L’Afrique et la sortie de crise.»

Pour défendre son scénario catastrophe, l’Américain a affirmé que les régulations prévues pour éviter les excès de la finance se font attendre. Il craint même qu’elles ne passent à la trappe puisque les propositions pour la gestion de risque ne sont plus d’actualité; les banques empruntent de nouveau à gogo pour faire de la spéculation. «C’est de la mauvaise allocation de capitaux encouragée par les banques centrales,» a-t-il expliqué.

Un autre scénario existe: la reprise. Mais si elle se confirme, elle sera lente. Dans le meilleur des cas, il faudra attendre 2011-2012 pour voir la stabilisation de l’économie mondiale, a jugé Joseph Stiglitz.
L’Afrique, «victime innocente»
Joseph Stiglitz a insisté sur la rupture de confiance entre l’industrie financière qui brasse des milliards – elle réalise 40% des profits des entreprises alors qu’elle ne produit rien, selon lui – et la société. «Aux États-Unis, il est difficile d’expliquer qu’il y a de plus en plus de sans-abri alors qu’il y a de plus en plus de maisons vides ou qu’un adulte sur six ne trouve pas de travail. Dans le monde, la crise a durablement détruit des millions de places d’emploi, creusant le fossé entre les riches et les pauvres.» Pour lui, le pire arrivera lorsque les États devront consacrer une bonne partie de leurs recettes fiscales, non pas dans des dépenses sociales, mais à rembourser la dette. «La dette n’est pas mauvaise en soi à condition qu’elle serve à construire des infrastructures, des capacités industrielles ou encore à l’éducation et la formation. Malheureusement, des États ont emprunté des sommes colossales pour sauver des banques.»
«L’Afrique est la victime innocente de la crise, a ajouté Joseph Stiglitz. Le flot d’investissement s’est tari, tout comme les envois d’argent des travailleurs immigrés, une source importante de revenu pour des millions de familles. Les recettes d’exportations ont dégringolé, et de nombreux pays ont dû emprunter alors même qu’ils commençaient à sortir de la trappe de l’endettement.»
Pour conclure, le Prix Nobel a invité le continent à mieux gérer ses ressources naturelles, à épargner et constituer des réserves, ce qui l’aiderait à faire face à toute nouvelle crise.
Le Temps

Fdesouche sur les réseaux sociaux