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Haut les cœurs braves gens, la Bourse de Paris a enregistré une hausse de 22% en 2009. Mais ce qui est plus que jamais en augmentation, c’est l’optimisme de nos «zéditorialistes» et de nos «zexperts»…

La Une du Figaro, lundi 04 janvier 2009
Il y a les hausses qui font mal au porte-monnaie des Français (comme l’augmentation des tarifs de la SNCF ou du forfait hospitalier) et celles qui font frémir de plaisir les grands « zéditorialistes » : +22% pour la Bourse de Paris en 2009 ! L’extase !
Du coup, l’optimisme est de mise. Les « zexperts », nous dit Le Figaro dans son édition de ce lundi, « tablent sur une nouvelle hausse de 10% des actions en 2010 ».
+22% à 3 936 points ? Dieu que c’est bon, surtout quand les commentateurs ont à l’esprit que le 9 mars 2009, la Bourse de Paris avait chuté à 2 520 points.
Mais ce +22% serait vraiment bon, si seulement il n’était pas calculé au regard d’une année 2008 terrible et à la fin de laquelle le CAC 40 avait clôturé à près de 3 218, soit une baisse de 43%.
+22% à 3 936 ? C’est moins bien qu’en 2005, 2006 et 2007.
+22% à 3 936 ? C’est largement derrière les 5 926 de l’année 2000, année de tous les records et… de l’explosion de la fameuse « bulle Internet ».
+22% à 3 936 ? C’est une peccadille, au regard des augmentations hallucinantes enregistrées, l’année passée, par d’autres places boursières et relevées par Slate.fr : « 128% de hausse à Moscou, 115% à Buenos Aires, 79% à Bombay, 78% à Shanghai ».
+22% à 3 936 ? Un résultat obtenu grâce, notamment, à un secteur automobile lui-même dopé artificiellement par la prime à la casse : +95,15% pour Renault et +94,77% pour Peugeot.
Le tout, en dépit du maintien d’un chômage musclé et des inquiétudes sur le pouvoir d’achat et surtout la protection sociale : les Français, pourtant parmi les mieux protégés du monde, consacrent 17% de leurs revenus à l’épargne. On n’atteint pas encore les taux chinois (jusqu’à 60%) mais tout de même.
Si une leçon n’a pas été tirée de la crise c’est bien celle-là : chacun s’est complètement habitué au décalage entre la Bourse et l’économie réelle. Au point de préférer regarder les courbes sur son i-Phone plutôt que son voisin…

Mais qu’importe, on a échappé au pire, +22%, c’est bon : il faut coûte que coûte se réjouir et même jouir. Ils sont forts ces « zéditorialistes » et ces « zexperts ». Ils ont de l’optimisme à revendre. Mais, s’il était coté en Bourse — cet optimisme —, les petits épargnants seraient bien inspirés de ne pas miser un kopeck dessus : il est régulièrement contredit par les faits…

Marianne2

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