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Les «autonomes» de Berlin radicalisent leurs actions pour freiner l’embourgeoisement de quartiers ouvriers devenus à la mode. Incendies de voitures, cocktail Molotov contre les façades d’immeubles de luxe ou de commissariats, tous leurs actes sont justifiés par une rhétorique antimondialiste, antifasciste ou antimilitariste.

Dans un rapport provisoire sur l’année 2009, le BKA (la police fédérale) souligne que les actes de violence imputables à la mouvance «autonome» au sens large (un ensemble hétérogène qui réunit militants antifascistes, anarchistes, punks et autres membres du Black Block) ont bondi de plus de 50% par rapport à 2008.
Le BKA estime par ailleurs que les 5 000 à 6 000 autonomes allemands (dont 2 000 à Berlin) auraient franchi au cours des derniers mois un seuil dans la radicalisation de leur mouvement «avec des actes mieux planifiés et plus symboliques.» (…)
«Les actes des dernières semaines ont une intensité comme on n’en avait plus vu depuis la terreur des années 70, [l’époque de la bande à Baader, ndlr]», estime Christian Pfeiffer, de l’institut de criminologie de Basse-Saxe. «On note une proximité symbolique avec le terrorisme», estime pour sa part Hans-Gerd Jaschke, politologue.
«Les actions sont justifiées par des arguments piochés dans la rhétorique antimondialiste, antifasciste, ou antimilitariste, estimait la présidente des services de renseignement intérieur, Claudia Schmidt, lors d’un récent colloque à Berlin. L’idée est que si on fait brûler une voiture, c’est un attentat, mais que si on en fait brûler 100, c’est un acte politique.»

Dans de nombreuses villes, essentiellement en ex-RDA, les autonomes allemands ont fait de la lutte contre la «gentrification», embourgeoisement des quartiers populaires, leur grand cheval de bataille. A Berlin, le phénomène a déjà transformé Mitte, le cœur historique de la capitale, laissé à l’abandon par le régime communiste et profondément délabré au début des années 90, après la réunification. Prenzlauer Berg, l’ex-repaire des intellectuels est-allemands a suivi.
Ces deux zones, autrefois bon marché, ont perdu 80% de leur population d’origine. A Prenzlauer Berg, les étudiants fauchés de l’après-réunification ont pris pied dans la vie active. Leurs besoins (crèches, écoles de qualité, logements confortables) se sont modifiés au même rythme que leurs ressources et le montant des loyers.
«Seuls 10% des habitants vivent ici depuis plus de quinze ans, insiste le rapport. Deux tiers des habitants ont déménagé au cours des six dernières années. Comme beaucoup des habitants gagnent bien leur vie, le revenu moyen de ce quartier, jadis défavorisé, est aujourd’hui supérieur à la moyenne de la ville. Les loyers ont suivi (…)
Source : Libération

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