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Fragilisées par leurs actifs toxiques, les «Landesbanken» sont en crise et menacent la reprise.
Les mauvaises nouvelles s’accumulent en cette fin d’année pour les banques publiques régionales allemandes, jadis interlocutrices privilégiées des PME, aujourd’hui embourbées dans les difficultés.
La BayernLB a ainsi annoncé de nouvelles démissions à la veille de Noël, dans le sillage de la débâcle de sa filiale autrichienne Hypo Group Alpe Adria, achetée à prix d’or et nationalisée en catastrophe le 14 décembre par le gouvernement autrichien. Cédée pour un euro symbolique à l’Autriche, Hypo Group Alpe Adria aura coûté 3,7 milliards d’euros au contribuable bavarois.
Rien ne semble pouvoir calmer la tempête qui agite le marché bancaire allemand du fait des difficultés des banques publiques régionales, promises à une inévitable restructuration. Historiquement, chaque Land (Etat fédéré allemand) possédait sa banque publique régionale.
Ces établissements appartenant aux Länder et au réseau des Caisses d’épargne, étaient un objet de fierté régionale. Aujourd’hui, seules sept banques publiques régionales, les fameuses Landesbanken, ont conservé leur autonomie. Et deux établissements seulement, la Nord-LB et Helaba (centre du pays) semblent s’en sortir.
Trop petites, dotées d’un contrôle des risques insuffisant, tiraillées par les conflits d’intérêt avec la politique, ces banques régionales ont été les premières victimes de la crise financière. Ces sept banques encore indépendantes génèrent près d’un quart des crédits accordés aux entreprises. Avec le retour à la croissance, la demande de crédits va fortement augmenter. Mais très affaiblies, les Landesbanken risquent dans les mois à venir de freiner la reprise si leur situation ne s’améliore pas.

Leur fragilité tient à leur structure : absentes du marché de la banque de détail, la plupart se sont tournées vers les produits risqués pour accroître leur rentabilité. Du coup, sur les 700 milliards d’euros d’actifs toxiques qui plombent les comptes des banques allemandes, 500 milliards sont attribués aux Landesbanken, selon le gouvernement.

Parmi les établissements les plus affectés par la crise figurent la HSH Nordbank de Hambourg, la BayernLB de Bavière, la LBBW du Bade-Württemberg et enfin, la WestLB de Düsseldorf, obligée par Bruxelles de réduire son bilan de moitié et à se concentrer sur le financement des PME de sa région.
Bruxelles est de nouveau intervenu, à la veille de Noël, pour mettre en doute la pertinence du modèle de «bad bank» imaginé début décembre.
Les actionnaires avaient envisagé de créer la première bad bank d’Allemagne pour absorber les 85 milliards d’euros d’actifs toxiques de la WestLB. En parallèle, celle-ci devait recevoir 3 milliards d’euros du fonds créé par l’Etat pour venir au secours des banques allemandes en difficultés. Mais Bruxelles doute que le montage remplisse les conditions de transparence nécessaires pour obtenir son aval…
L’Allemagne a-t-elle besoin de sept banques publiques régionales ? La question est posée. «Celui qui achèterait aujourd’hui une banque publique régionale courrait deux risques», estime Hans Peter Burghof, expert du marché bancaire à l’université de Hohenheim. «Qu’elle fasse faillite en quelques mois ou qu’une enquête soit engagée contre l’acquéreur parce qu’il aurait accepté un prix trop élevé pour un établissement en mauvaise santé…»
Libération

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