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L’administration pénitentiaire décide de priver les 2500 surveillants de la direction inter-régionale des services pénitentiaires de Lille (DISP) d’une partie de leur salaire de décembre. À quinze jours des fêtes de fin d’années, dans un contexte de surpopulation carcérale éprouvant, les « matons » sont mis au pied du mur. Ils devront faire une croix sur le paiement, en décembre, de leurs heures supplémentaires, des primes de nuit, des dimanches et des jours fériés.

Dans un mail que nous nous sommes procuré, Alain Jégo, directeur de la DISP, demande à ses chefs d’établissements d’annoncer au personnel qu’ils toucheront en janvier ce qu’ils n’auront pas en décembre. Et de détailler le déficit : « La source principale de ces difficultés est liée à la très forte augmentation du nombre d’heures supplémentaires à rémunérer en 2009. À la DISP de Lille, nous avons une différence de 716 224 E en plus pour 2009 par rapport à 2008 sur les heures supplémentaires. Le report de ces heures de décembre sur janvier 2010, représente la somme de 532 700 E. »

Un manque à gagner allant de 500 à 800 euros par surveillant qui fait en moyenne 20 à 40 heures supp’ par mois. Sans compter qu’ils doutent maintenant de toucher ce mois-ci leur indemnité de charge pénitentiaire (900 euros), sorte de treizième mois.

Trop d’heures supp’ chez les surveillants ? « Alors là, ils sont très forts ! Les heures supp’, on nous les a imposées à cause du manque cruel et avoué de personnel, afin d’assurer la continuité du service public. Aujourd’hui, l’État se rend compte qu’il n’a pas de quoi payer. On croit rêver ! », se cabre Laurent Scassellati, secrétaire régional de l’UFAP-UNSA.

Une bombe sous le sapin

Si un minimum d’heures supplémentaires n’est pas choisi mais imposé au personnel (15 E de l’heure, un tarif identique pour le travail de nuit, les dimanches et jours fériés), certains surveillants ont saisi cette opportunité pour améliorer le quotidien, engrangeant jusqu’à 60 heures supp’ par mois. « Une collègue avec quatre enfants a fait plein d’heures en octobre pour pouvoir mettre des cadeaux sous le sapin. Elle les aura en janvier. C’est dégueulasse de lui annoncer ça maintenant, » s’insurge Jean-Philippe Froissart, syndiqué à la maison d’arrêt de Dunkerque.

« Il y a des familles qui comptaient sur cette manne, qui ont travaillé exprès pour la toucher avant les fêtes. Cet argent, c’est pas un cadeau, c’est du travail et dur ! Ne pas avoir budgété ces heures qu’on nous demande de faire, au mieux c’est de l’incompétence, au pire c’est de la malhonnêteté. S’apercevoir qu’il n’y plus d’argent en décembre… C’est dire le respect de l’administration pour notre profession. Il paraît que le gouvernement voulait récompenser le travail, » s’énerve Pascal Marié (CGT), à Longuenesse.

Le cabinet de la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, nous a contactés en catastrophe, hier. Pour calmer le jeu ? Pas vraiment. Une bombe est au pied du sapin. « Je comprends l’émotion suscitée chez les personnels pénitentiaires, » compatit la ministre qui « garantit » que le manque à gagner sera compensé… en janvier.

Un mouvement dur se profile dès lundi 6 h dans les 22 prisons de la DISP. Dans la métropole lilloise, Bruno Hocq, délégué régiojnal de FO pénitentiaire, annonçait hier soir des blocages concentrés sur la nouvelle prison de Sequedin, dès mardi à 6 h 30.

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