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Alain, Fabrice, Christian et René espéraient commencer une nouvelle vie après des années d’errance et de misère. Installés au centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) à l’Echarde, dans la zone industrielle du nord de Compiègne, il sont rejetés par «les jeunes du quartier» qui les perçoivent comme des intrus.

Pour qu’ils puissent se remettre sur les rails, le centre communal d’action sociale (CCAS), en partenariat avec l’Opac, leur a trouvé un appartement-relais moyennant un modeste loyer. «Cela nous permet d’économiser pour pouvoir nous reconstruire », explique Christian Lecomte, 54 ans, qui vivote avec une pension d’adulte handicapé.

«Mais la reconstruction passe aussi par le regard des autres et, ici, ils ne sont pas les bienvenus », insiste Didier Poinsart, chargé de mission au CCAS. Depuis que les quatre hommes ont intégré leur appartement, ils sont victimes de l’hostilité des «jeunes» du quartier. Coups dans la porte, volets fracturés… Ils doivent vivre volets fermés. «Et, pourtant, nous sommes corrects, polis, nous faisons notre vie sans déranger personne», affirme Christian, qui ne peut plus vivre dans le noir et volets fermés pour éviter les agressions.

Didier Poinsart est aujourd’hui dégoûté, il sait que ses protégés vont devoir déménager. «C’est une zone de non-droit qui ne fait aucune place à la différence et, pourtant, ses habitants devraient y être sensibles. Ces hommes ne sont pas les balances des policiers. Ils habitent là parce que c’était ça ou la rue! Ce qui me révolte, c’est que le CCAS aide au quotidien les gens de ce quartier, et voilà le résultat.»

René Perrin, dit Paque, le senior de la bande avec ses 73 printemps, est un éternel optimiste. «J’ai passé trente ans dehors : huit ans dans une cabane en forêt et cinq ans dans une cave. Je suis content d’être ici, même si ce n’est pas partagé par tout le monde. Je sors, je dis bonjour et, quand les jeunes sont en groupe, ils s’écartent pour me laisser passer.» Malgré l’hostilité du quartier, René veut continuer l’aventure pour pouvoir se payer une maison de retraite le jour où il ne pourra plus s’assumer seul.

Christian, Alain et Fabrice considéraient cet appartement-relais comme une chance, c’est devenu l’enfer. En repartant de sa visite, lundi, Didier Poinsart a essuyé des jets de pierres et de mottes de terre. « Ça ne peut plus durer. Nous allons devoir partir… » regrette-t-il, amer.

Source : Le Parisien

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