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Le salaire des ouvriers américains est bien plus élevé que celui d’autres ouvriers à la productivité équivalente et effectuant les mêmes tâches. Si l’on veut que l’économie mondiale retrouve un jour l’équilibre, il faut que cet écart s’atténue. Certains calculs estiment qu’il faudrait amputer le salaire réel des ouvriers du secteur manufacturier américain de 20 % pour rétablir les équilibres mondiaux.


Le différentiel des salaires a déjà commencé à se réduire, mais les dernières statistiques publiées sur l’emploi américain indiquent que l’ajustement n’est pas suffisant. Le chômage a surpris en augmentant aussi vite. Près de 7,3 millions de postes ont été supprimés depuis début 2007 : soit trois fois plus qu’en 1980-1982, lors de la récession la plus grave de l’après-guerre si l’on excepte l’actuelle. Le chiffre est largement imputable à un recul du produit intérieur brut (PIB) d’une brutalité inhabituelle sur cette période, mais il pourrait aussi être analysé sous un autre angle. La récession a mis en évidence que nombre de travailleurs reçoivent un salaire excessif au regard de ce qu’ils produisent.

Le rebond soudain de la productivité, qui s’est produit alors que le PIB était toujours en phase de régression, est un signe. Il est probable qu’une partie de la production est déjà en cours de délocalisation, dans la plupart des cas pour être confiée à des travailleurs étrangers moins payés.

Les Américains profitent d’une productivité supérieure, qui fait la richesse de leur pays. La qualité de l’éducation et des infrastructures y est meilleure, les capitaux abondants et l’éthique du travail plus développée. Mais à combien fixer le juste écart ?

La réponse dépend de deux indicateurs : le différentiel de productivité dans les filières susceptibles d’exporter et la quantité de ces biens exportables. Deux variables dont l’évolution milite en faveur d’une réduction de l’écart de rémunération. De nombreux facteurs stimulent l’élévation de la productivité dans les pays peu développés. Leur croissance rapide, le faible coût des capitaux et une logistique d’expédition plus efficace contribuent à rendre les usines étrangères plus compétitives.

Rétablir l’équilibre

L’ampleur du déficit budgétaire américain traduit elle aussi le fait que les Américains perçoivent des rémunérations excessives. C’est pour cette raison que les biens importés apparaissent si bon marché. Si la convergence des salaires à l’échelle mondiale est une bonne nouvelle pour les plus pauvres, c’est un traumatisme pour les plus riches. Certains calculs estiment qu’il faudrait amputer le salaire réel des ouvriers du secteur manufacturier américain de 20 % pour rétablir les équilibres mondiaux.

Il ne sera peut-être pas nécessaire d’aller aussi loin, mais si les salaires américains restent durablement au-dessus du niveau souhaitable pour le marché, comme dans les années 1930, alors on pourrait connaître le niveau de chômage de ces années-là. Il faut l’éviter à tout prix. Une inflation modérée pour rogner les salaires réels, associée à une petite baisse supplémentaire du taux de change effectif du dollar, devrait faire l’affaire. Le Monde

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