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Après deux années de baisse, le nombre de personnes ou de familles ayant recours aux aides du Secours catholique a augmenté de 2,3 % en 2008. Sont particulièrement touchés les personnes âgées, les jeunes et les salariés précaires.

La crise économique a eu des « conséquences immédiates » sur la pauvreté. Tel est le constat dressé par l’enquête annuelle publiée aujourd’hui par le Secours catholique. En 2008, le nombre de « situations de pauvreté » – personnes ou familles en difficulté – rencontrées par l’association a augmenté de 2,3 %, pour s’établir à 633.000.

Les personnes accueillies par l’association sont particulièrement démunies : 94 % d’entre elles se situent en-dessous du seuil de pauvreté (908 euros par mois). Leur revenu moyen s’établit à 538 euros.Au total, 1.450.000 individus ont été accueillis au cours de l’année dernière par les 63.800 bénévoles de l’association.

« Certes, on aurait pu s’attendre à pire vu l’ampleur de la crise, mais ce qui est très inquiétant, c’est que la tendance survient après deux années de baisse consécutives », remarque François Soulage, président du Secours catholique. Entre 2005 et 2007, le nombre de personnes ayant fait appel à l’association avait diminué de 8,7 %.

Cette année encore, les personnes âgées – 12 % des demandeurs – sont très représentées, tout comme les personnes vivant seules : on dénombre notamment 28,7 % de parents isolés, soit une hausse de 4 points depuis 1999. Mais la crise amène de nouveaux publics à solliciter de l’aide. En premier lieu, les jeunes : les moins de 20 ans représentent 42,5 % des demandeurs auprès du Secours catholique. Un taux, certes, stable depuis dix ans, mais qui reste particulièrement élevé. « L‘impact de la crise sur l’emploi, qui s’est vu avant tout en 2009, va encore accroître leur représentation : nombre d’entre eux étaient en CDD ou en intérim et se retrouvent aujourd’hui sans la moindre activité. »

Plus globalement, l’association a vu de plus en plus de salariés précaires venir gonfler le rang des demandeurs. « Nombre d’employés en poste viennent chez nous pour trouver un moyen de boucler leurs fins de mois. » Ainsi, les secours financiers et distributions alimentaires opérés par le Secours catholique ont augmenté de 15 % en 2008, comparé à l’année précédente. Autre indice, le montant des dettes contractées par les demandeurs auprès des établissements financiers s’établit à 691 euros en 2008, contre 457 euros en 1999, soit une augmentation moyenne de 4,7 %.

Chômage partiel, baisse des missions d’intérim, gel de salaires… la crise a engendré une baisse de revenus des populations les plus fragiles, alors même que celles-ci doivent faire face à des dépenses à la hausse. « D’un côté, l’alimentaire, l’énergie et le logement, les trois postes majeurs pour les familles en difficulté, ont tous augmenté cette année. De l’autre côté, on annonce de nouveaux déremboursements de médicaments, ou une hausse du forfait hospitalier qui vont peser sur les familles en difficulté », s’inquiète François Soulage.

« Les plus en difficulté se retrouvent encore plus décrochés du fait de la crise, » ajoute-il. Signe que certaines populations s’éloignent de plus en plus de l’emploi, seuls 14,3 % des personnes accueillies touchent les indemnités chômage, contre 21,3 % en 1999. De quoi inciter le Secours catholique a inviter les pouvoirs publics à « se préoccuper davantage des plus exclus, même s’ils sont de moins en moins visibles politiquement ».

La pauvreté en France se « féminise »

La tendance est lente, mais régulière : en 2008, les femmes constituaient 54,4 % des adultes rencontrés par le Secours catholique – alors qu’elles représentent 52,5 % de la population – soit une hausse de 3,4 points en vingt ans.

Surtout, elles sont confrontées à des situations sociales plus précaires que les hommes. Ainsi, 7,6 % des femmes ayant fait appel au Secours catholique occupent un travail à temps partiel, contre 2,5 % des hommes. « Ce temps partiel est souvent subi et engendre une insuffisance chronique de ressources ,» relève l’association. Une situation qui pourrait encore se dégrader avec la crise. Les ressources mensuelles des femmes recueillies par le Secours catholique s’élevaient ainsi à 633 euros par mois en 2008, contre 668 euros pour les hommes – et surtout, elles étaient constituées à plus de la moitié par des transferts sociaux (pension alimentaire, allocations familiales…).

Cette population peine à sortir de la pauvreté. En 2008, 60,3 % des femmes recueillies par le Secours catholique vivaient seules, contre 49,5 % il y a vingt ans. « La conséquence, c’est qu’elles ne disposaient que d’une seule source de revenus. Également, d’un point de vue psychologique, cet isolement nuit à leur capacité de rebond, » analyse Bernard Schrike, directeur action France du Secours catholique.

Le nombre de familles monoparentales – largement conduites par les femmes – accueillies par le Secours catholique est proche de 30 %, « soit une proportion 3,4 fois plus élevée qu’au sein de la population française ,» note l’étude. Or « les enfants pèsent fortement sur l’activité professionnelle des femmes .» Ainsi, 14,6 % des femmes sont inactives parce que « au foyer » (cette raison ne touche que 1,5 % des hommes.)

« Les femmes pauvres s’éloignent de plus en plus de l’emploi .» Ainsi, tandis qu’en 1999, 56,5 % des femmes rencontrées par l’association étaient actives, elles n’étaient plus que 53 % en 2008. D’où la nécessité, pour l’association, de se doter de politiques publiques plus ambitieuses, permettant notamment de dispenser une « meilleure formation professionnelle » à ces exclues, ainsi que des modes de garde adaptés. Les Échos

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