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Cette semaine, Alexandre nous présente une courte pièce d’un compositeur allemand du XVIIIème installé en Angleterre, Georg Friedrich Haendel (1685-1759).

I/ De quoi s’agit-il? De quoi parle-t-on?

L’extrait proposé est une courte pièce de trois minutes écrite en 1713 intitulée “Ode pour l’Anniversaire de la Reine Anne”.

Il s’agit de Anne Stuart (1665-1714), Reine d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande. C’est sous son règne mouvementé que les royaumes indépendants d’Angleterre et d’Ecosse disparaîtront pour former le Royaume Uni.

Voici le texte d’origine, très “conventionnel”:

“Eternal source of light divine,
With double warmth thy beams display,
And with distinguish’d glory shine
to add a lustre to this day.”

“Eternelle source de lumière divine,
qui brille d’un double et chalereux éclat,
qui rayonne d’une gloire altière
et illumine cette journée.”

Beau compliment pour un Monarque n’est ce pas?

II/ Qui chante?

Malgré les apparences, il s’agit d’un homme. Il s’appelle Robin Blaze, un chanteur anglais d’une quarantaine d’année.
La hauteur à laquelle il chante n’est pas courante pour un chanteur masculin. Il s’agit d’une technique vocale spécialisée (dite “voix de tête”) qui permet au chanteur (le “contre-ténor”) d’atteindre des notes normalement réservées au femmes tout en conservant une grande partie de l’ampleur et de la puissance vocale masculine. C’est une technique couramment employée pour la musique sacrée au XVIIème siècle notamment.

III/ Quelques remarques musicales:

D’un point de vue de l’histoire de la musique, cet extrait est assez intéressant.
Une classification sommaire donnerait le tableau suivant:

XVIème siècle: musique de la Renaissance
XVIIème siècle: musique baroque
XVIIIème siècle: musique classique (sens strict du terme)
XIXème siècle: musique romantique.

Ecrit en 1713, cet extrait appartient pourtant aux derniers moments du baroque. La façon dont la voix, la trompette et le clavecin sont utilisés font incontestablement baroque, comme on a pu le faire pendant tout le XVIIème siècle.
Cependant le rôle des cordes (violons et violoncelle) est beaucoup plus développé et assure discrètement mais solidement l’essentiel du fond sonore.

De plus, l’intégration entre les différents instruments est beaucoup plus poussée que dans le baroque du début du XVIIème, l’auditeur n’en remarque vraisemblablement aucun à la première écoute à part la trompette qui fait le lien entre les instruments et la voix.
En un siècle, on est donc passé d’un instrument/chanteur accompagné par quelques musiciens à un chanteur accompagné d’un ensemble d’instruments évoluant ensembles, bref d’un orchestre, orchestre qu’utiliseront les compositeurs du XVIIIème pour aller encore plus loin.

IV/ Conseils d’écoute:

Il s’agit d’une oeuvre délicate et captivante. Il faut un peu de concentration et de calme autour de soit pour pouvoir l’apprécier.

Prêtez particulièrement attention à la façon dont s’articulent la trompette et le chanteur: parfois séparement, parfois ensembles, parfois ils se répètent en écho, parfois ils se prolongent.
Pour vous aider, imaginez que c’est un peu une très fine horloge suisse ou une cathédrale gothique. La musique est mise en place de façon quasi-mécanique, rigoureuse comme un balancier, mais avec une légèreté et une harmonie incroyable.

Bon Dimanche à vous.

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