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Cavaillon, petite ville du Vaucluse (25 000 habitants) a aussi son «quartier sensible», la cité du Docteur-Ayme, 2 200 habitants. Depuis un an, elle n’a plus rien à envier aux cités les plus violentes en termes de violence urbaine. «Un véritable chaudron», selon son maire, Jean-Claude Bouchet, député UMP du Vaucluse, qui a lancé un appel à l’aide auprès des ministres de l’intérieur et de la justice, fin août. L’élu craint l’apparition de milices privées. Le Monde décrit sans fard une situation qui se généralise à l’ensemble du territoire français.

Le contexte est extrêmement tendu. Une centaine de véhicules ont été incendiés dans la ville depuis le début de l’année. Des dégradations ont visé la plupart des institutions présentes sur le quartier. Le centre médico-social a vu son portail enfoncé par un camion bélier qui a ensuite été incendié devant le bâtiment. La façade d’une banque a été partiellement brûlée. Le centre communal d’action sociale a subi des dégradations. Le poste de police municipale, incendié il y a plusieurs années, n’a jamais pu rouvrir. Du centre social, rasé il y a quelques années après de graves incidents, il ne reste que les marques au sol.
Les violences n’arrêtent plus, rapportées chaque semaine par la presse locale. Un tir de fusil à plomb contre les pompiers en octobre 2008. Plusieurs nuits d’émeute en novembre 2008 avec des affrontements entre plusieurs dizaines de jeunes et la police, de nombreuses dégradations et l’incendie d’un drapeau tricolore. L’agression d’éboueurs en début d’année. Des violences contre des employés de l’office HLM, Mistral Habitat, qui disent désormais venir dans le quartier «la peur au ventre». Des jets de pierres contre les forces de l’ordre. Et une hausse globale de la délinquance sur la ville de plus de 21 % au premier semestre.
«Ceux qui s’excitent aujourd’hui sont ceux qui n’ont eu aucune prise en charge depuis quatre ans. Cette génération-là a mis le bordel au collège et maintenant, c’est dans la ville», explique un intervenant en demandant à rester anonyme. (…) S’ajoute la problématique de l’emploi, très sensible dans un quartier où un actif sur deux ne travaille pas. Des jeunes ont agressé les agents de l’office HLM, extérieurs à la cité, en les accusant d’occuper des emplois qui auraient dû, d’après eux, leur revenir.

Les problèmes de sécurité ont tendu les rapports entre le quartier, où vivent essentiellement des familles d’origine maghrébine, et le reste de la ville. Dans une commune où le Front national a obtenu jusqu’à 30 % des voix en 2002, et encore 20 % en 2007, La question de «l’intégration» revient régulièrement.
Le maire, lui, évoque la «concentration de population étrangère» et «une seconde génération avec des difficultés d’intégration avérées», parmi les facteurs de tension. «Les gens en ont marre. Nous ne sommes pas dans une zone de non-droit», s’agace Jean-Claude Bouchet. Même si les faits restent isolés, il perçoit des risques de dérives plus graves. «Des employés municipaux ont reçu des déchets lancés d’une tour. On leur a crié : «Putain de Français, continuez à nettoyer notre merde !«, raconte l’élu. «Nous sommes à deux doigts de voir l’apparition de milices privées», alerte le maire dans son courrier aux ministres.
(Le Monde)
(Merci à eliot)

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