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Poète, romancier, journaliste et grand voyageur, Blaise Cendrars fut aussi un soldat courageux qui défendit la France dans les tranchées de 14-18. Portrait d’un bourlingueur né en Suisse, attiré par la Russie et le Brésil, mais qui versa son sang pour la France « bien avant toute ambition d’écrire ».
Né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds (Suisse), Frédéric Louis Sauser grandit dans une famille d’origine bernoise, mais francophone. Après avoir été apprenti bijoutier à Saint-Petersbourg puis figurant au théâtre de la Monnaie à Bruxelles, le jeune Suisse prend le pseudonyme de Blaise Cendrars, duquel il signe Les Pâques, son premier poème, écrit à New York au cours de la nuit de Pâques. De retour en Europe, il s’installe à Paris où il fonde, en 1912, les Editions des Hommes Nouveaux pour publier son poème. En novembre 1913, il publie la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. C’est l’époque de la bohême parisienne, durant laquelle il côtoie Fernand Léger, Georges Braque, Modigliani…
Puis l’attentat de Sarajevo embrase l’Europe. Dès le 3 août 1914, l’écrivain s’engage dans l’armée pour défendre cette France qu’il aime. Il passera une année au front. Grièvement blessé au bras droit lors de la grande offensive de Champagne (septembre 1915), il est amputé de la main. Son courage et son énergie lui valent la Médaille militaire et la Croix de guerre avec palme. L’année suivante, Cendrars est naturalisé français. Il se remet péniblement à écrire. De sa main gauche, il signe notamment La Fin du monde (1917), Le Panama ou les aventures de mes sept oncles et J’ai tué (1918). Après s’être essayé au cinéma, Cendrars rencontre son premier succès de grand public en 1925 avec L’Or, aventure merveilleuse d’un pionnier du far-west ruiné par la découverte de gisements d’or sur ses terres.
En 1926, il voyage au Brésil et publie Moravagine, roman sombre et envoûtant. Moravagine, dernier descendant d’une famille royale en exil, incarne le mal, la folie, l’énergie destructrice que Blaise Cendrars cherche à exorciser. La même année, il publie également Eloge de la vie dangereuse et l’ABC du cinéma. En 1930, il amorce un mouvement vers le journalisme avec Rhum, biographie d’un affairiste tenté par la politique et l’aventure : Jean Galmot. Il rencontre John Dos Passos puis Henry Miller et enfin James Cruz qui adapte L’Or au cinéma. Durant cette seconde période « parisienne », ses amitiés et des sympathies franquistes l’entraînent en Espagne.
En 1940, il cherche à s’engager à nouveau mais l’armée française refuse le manchot quinquagénaire. Il quitte alors Paris pour Aix-en-Provence et publie ses Poésies complètes, L’Homme foudroyé et La Main coupée, ces deux dernières œuvres revenant sur son expérience de la guerre. En 1950, il revient à Paris et enregistre treize entretiens avec Michel Manoll à la R.T.F, diffusés à l’automne dans Blaise Cendrars vous parle… Il signe encore une préface aux Instantanés de Paris de Robert Doisneau (1955), Emmène-moi au bout du monde !… (1956) et A l’aventure (1958) avant qu’une attaque d’hémiplégie ne mette fin à son œuvre. Décédé en 1961 à Paris, Blaise Cendrars est enterré au cimetière des Batignolles. En 1994, ses cendres sont transférées au cimetière du Tremblay-sur-Mauldre, près de sa « maison des champs ».
De cet écrivain voyageur à la vie aventureuse, on peut lire ces lignes poignantes qui prouvent un attachement charnel à sa patrie d’adoption : « Aujourd’hui que nous écrivons dans une atmosphère de fin du monde, que d’une heure à l’autre une bombe peut venir mettre un point final à mon manuscrit, (…) le moment serait mal choisi de faire étalage de grands sentiments ; l’heure est venue d’être vrai ; mon dernier espoir n’est pas d’entrer à l’Académie mais d’être enfin couché dans cette terre de France qui s’entrouvre et pour laquelle j’ai versé mon sang bien avant toute ambition d’écrire. » (L’homme foudroyé, 1940)

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