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Lettre à la Halde

Monsieur le Président de la Halde,

Je m’adresse solennellement à vous pour dénoncer les faits d’une gravité exceptionnelle qui se sont déroulés ce matin à mon domicile.

M’étant réveillé à 7h37 au coté de mon épouse encore endormie, j’ai ressenti une douloureuse et inadéquate attirance à la vue de son épaule nue effleurée par le soleil filtrant au travers des rideaux.

J’ai conscience de l’incongruité de cette pulsion puisque, dans le même temps, il ne m’est venu à l’esprit aucune pensée citoyenne ou solidaire envers les impuissants, les homosexuels, les transsexuels ou les lesbiennes. Pas plus qu’envers les SDF, les non-voyants, les musulmans (c’était l’heure de la prière et j’entendais le muezzin de la mosquée du quartier), le caniche abricot châtré de ma voisine, les immigrés clandestins et tous ceux qui représentent aujourd’hui la quintessence humaine de notre belle nation.

J’attends avec humilité l’exemplaire sanction que ma vile condition d’époux et d’assujetti à l’impôt républicain mérite. J’espère que l’opprobre publique sera définitivement jetée sur mes trois enfants, tous nés du même père et de la même mère, par insémination naturelle, au mépris de la souffrance des couples iso-genres, ce qui constitue une évidente discrimination envers les donneurs/euses de cellules sexuées.

Restant à votre disposition pour ma future incarcération, j’attends la venue de la troupe et mon salutaire transfert en unité de rééducation. Bien respectueusement votre.

Jesse James (lecteur du site)

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