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Les obligations religieuses qui pendant longtemps n’avaient pas leur place dans le milieu professionnel, font de plus en plus fréquemment irruption dans les entreprises. Des musulmans, et dans une moindre mesure des juifs, souhaitant respecter leurs prescriptions rituelles sur leur lieu de travail, n’hésitent plus à demander des règles spécifiques en matière d’horaires, de prières, de nourriture ou de pratiques vestimentaires. Au nom du “respect de la diversité”, ces demandes sont de plus en plus acceptées.

Mohammed aime savoir ce qu’il a dans son assiette. Il a obtenu que la cantine de son entreprise affiche la composition des plats qui y sont servis quotidiennement. “Je n’ai pas besoin que l’on me donne des menus aux noms pompeux ; je veux juste savoir s’il y a du vin dans la sauce qui accompagne le poisson”, explique cet ingénieur musulman de 49 ans, salarié d’une entreprise informatique de la région parisienne.

Avec une quinzaine de ses collègues, pratiquants comme lui, Mohammed dispose aussi d’un local aménagé en salle de prière. En toute discrétion. Car, même si la plupart des salariés sont au courant, la direction ne souhaite pas que cette initiative soit officiellement perçue comme une “discrimination positive”. Pas plus qu’elle ne tient à mettre publiquement en avant cet avant-gardisme d’un nouveau genre.(…)

Durant le mois de ramadan, au terme d‘”arrangements avec leur chef direct”, les ingénieurs de cette entreprise ont aussi la possibilité de commencer leur journée de travail plus tôt, afin d’être rentrés pour la rupture du jeûne. Pour les fêtes de fin d’année, le colis traditionnellement offert aux salariés, dont 10 % sont de confession musulmane, a été expurgé du foie gras non halal et des bouteilles d’alcool. La prochaine étape pourrait concerner la demande de viande halal et casher à la cantine…

Aussi exceptionnelle soit-elle, la situation de cette société “multiculturelle”, selon la définition de son directeur des ressources humaines, préfigure peut-être le monde de l’entreprise de demain.(…)

“Accepter d’ouvrir une salle de prière pour dix ingénieurs, ce n’est pas forcément tomber dans l’intégrisme, cela peut être fait dans un souci d’efficacité”, juge aussi Soumia Malimbaum , présidente de l’Association française des manageurs de la diversité qui organise en décembre une journée d’échanges sur “Les pratiques religieuses dans l’entreprise”.(…)

Dans l’esprit des recruteurs, il existe des lignes infranchissables. “Si un homme me dit qu’il ne travaillera pas sous les ordres d’une femme, je le vire, ça ne me pose aucun problème. De même pour une femme qui arriverait le visage voilé, je m’interrogerai sur sa volonté d’intégration et d’adaptation”, juge M. Bernard de l’ANDRH . Comme certains de ses collègues, il regrette que “pour 2 % de cas extrêmes qui posent problème, on bloque sur les 98 % qui n’en posent pas”.
(>> Le Monde)

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