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Dans son livre, L’Ecole dans les griffes du septième art, Véronique Bouzou dénonce la récupération politique, médiatique et financière de la Palme d’or. Selon elle, ce film qui porte à l’écran les élèves d’un collège difficile et leur professeur ne reflète pas la réalité mais ressemble à une émission de téléréalité. Interview.

Pourquoi dites-vous qu’«Entre les murs» est un film scandaleux?
Que ce film existe, soit. Qu’il obtienne la palme d’or, c’est scandaleux. «Entre les murs» s’apparente à de la téléréalité et imite ses travers. Tout y est stéréotypé pour coller à l’image qu’on aime donner de la banlieue. Un exemple: l’un des ados, Franck dans la vraie vie, a été renommé Souleymane dans le film. Autre exemple: le réalisateur a demandé à celui qui joue au caïd d’en rajouter. Il ne faudra pas s’étonner, quand les élèves iront voir ce film et qu’on leur dira qu’il faut l’applaudir, de l’effet boomerang. Ils auront à leur tour envie de jouer les caïds.

Qu’est-ce qui vous gêne dans ce film ?
C’est l’image de l’enseignement véhiculée. On a l’impression que c’est l’école du cirque. Le jour de la rentrée scolaire, personne ne fout le souk, contrairement à ce qui est montré dans le film qui, d’emblée, est dans la caricature. Le premier jour de l’année, les élèves sont plutôt là à observer. De même, des élèves qui mangent pendant un conseil de classe, comme c’est le cas dans le film, je n’ai jamais vu ça en 10 ans passés en ZEP.

Vous semblez avoir une dent contre François Bégaudeau…
Il est le seul héros du film. Il se fait le porte-parole de l’Education nationale et veut donner des leçons aux autres enseignants alors que lui-même n’enseigne plus. Dans le film, il est incapable de se montrer responsable devant une classe. Par exemple, il emmène un perturbateur dans le bureau du principal en laissant sa classe. Or tous les profs le savent: jamais on ne laisse une classe seule ! Et même s’il est prof de français, Bégaudeau préfère la tchatche et le langage sms-banlieue plutôt que d’élever ses élèves vers une autre façon de parler. A un moment, il clame que si l’Autriche était rayée de la carte, personne ne s’en rendrait compte. Et ça, face à une classe entière ! Il l’avait déjà écrit dans son livre. Il le redit dans le film. C’est dire s’il signe sa bêtise.

Un film n’est jamais l’illustration fidèle de la réalité…
«Entre les murs» n’est pas une fiction. François Bégaudeau et les élèves jouent leurs propres rôles. Mais ce n’est pas non plus un documentaire, car on n’y apprend rien.

Y-a-t-il eu récupération politique du film selon vous?
Évidemment. Sitôt la palme d’or décernée, Xavier Darcos en a parlé à l’Assemblée nationale. Christine Albanel a conseillé à «tous les élèves» d’aller le voir. C’est comme s’il n’y avait aucune voix discordante alors que ce film fait un constat d’échec de l’école publique. Or qui met ses enfants à l’école privée ? Les politiques (source)

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