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Extraits (pour le texte complet, voir la source en fin de brève) :
Première légende : la spontanéité et le goût de « liberté » des meneurs du Mouvement. J’atteste que l’immense majorité de ceux-ci étaient marxistes purs et durs, mis à part quelques anarchistes encore plus violents que les autres. Certes, ils ne possédaient pas les milliers de pages du « Capital » de Karl Marx. La plupart se contentaient des 52 pages du « Manifeste du Parti Communiste » , opuscule qui, par la magie du matérialisme dialectique et prétendu scientifique, permettait d’expliquer le Monde entier, passé, présent et avenir.

Deuxième légende : le goût du « débat » et de la libre « discussion ». (…) Tout ce qui ne s’exprimait pas dans le sens révolutionnaire, non seulement n’avait pas droit de cité, mais était banni par une violence physique assumée avec une totale bonne conscience. Il ne faut pas croire que cette violence visait seulement les étudiants, l’immense « majorité silencieuse » désireuse de travailler et de passer ses examens. Cela suffisait, si on l’affirmait fort et clair, à être qualifié de « fasciste ». A fortiori, revendiquer l’apolitisme dans le syndicalisme étudiant (…) suffisait aussi à faire de vous un «fasciste ». « Fascistes » ceux qui ne souhaitaient pas la victoire des communistes au Viêt-Nam. « Fasciste » aussi De Gaulle et les gaullistes. « Fascistes » même aux yeux des trotskystes, maoïstes, dans leurs nombreuses chapelles, les communistes « orthodoxes ». Cette violence procédait d’un sentiment de haine à l’encontre de tout ce qui n’était pas dans le mouvement ou de tout ce qu’il voulait détruire.

Par réaction, il est résulté des événements une génération de soixante-huitards « de droite », dont il n’est jamais question. (…) Ayant souffert du climat étouffant qu’y faisaient régner les gauchistes, je crois pouvoir affirmer que les événements les ont définitivement vaccinés, s’il en était besoin, des idéologies de gauche. Ceux-là, on ne les interroge jamais sur 68.

Quiconque a vécu de près le déroulement de ces événements peut témoigner de l’effondrement de toutes les structures d’autorité, dans les Universités, les Entreprises, les Administrations. Le jeune homme que j’étais a vu avec effarement les professeurs molestés, les locaux saccagés, mais aussi les hommes d’affaires, les cadres supérieurs, les dirigeants des quartiers bourgeois faire la queue à leurs banques dans l’espoir d’en retirer 500 francs, montant maximum des retraits autorisés.

Avec mai 68, j’ai compris ce qui s’était passé en France de 1789 à 1793, en Russie en 1917, en Chine ou en Algérie. J’ai compris les diverses phases du processus révolutionnaire : provocations visant à délégitimer l’autorité / Fiction de démocratie directe par des « Assemblées » prétendues « générales » soigneusement tenues en main, version estudiantine du soviet révolutionnaire / diabolisation des adversaires justifiant leur élimination / dialectisation du corps social : qui n’est pas avec nous est un ennemi / matraquage de la propagande annihilant tout sens critique, etc. Et ça marche !

[Mai 68] fut la victoire apparente des idéologies marxisantes dans de larges pans de la société dont la jeunesse. Cette victoire fut considérée à tort comme acquise par les dirigeants politiques de tous bords, et cela a sans nul doute contribué, non seulement à la survie, mais à la progression du totalitarisme communiste dans le monde. Les dirigeants occidentaux, par lâcheté, lassitude, ou complicité s’y sont en effet résignés.

Le phénomène 68, même s’il n’a pas eu partout la même ampleur qu’en France, a été mondial. La victoire militaire des communistes en Indochine par exemple en fut une conséquence. Les événements portaient en germe le désengagement occidental de l’Indochine, et par conséquent la débâcle de 1975, la chute de Phnom Penh et de Saigon. Rappelons à l’époque les comptes-rendus laudateurs par le journal Le Monde de l’arrivée des Khmers Rouges.

On peut dire que le communisme y a gagné, intellectuellement et politiquement 20 ans de répit. Car si le système soviétique s’est finalement effondré, une chose est sûre : c’est à ses propres échecs et au courage d’une poignée de dissidents de l’intérieur qu’on le doit, et non aux élites intellectuelles ou politiques occidentales. Quant au communisme oriental, qui tient encore dans ses serres plus d’un milliard et demi d’êtres humains, en Chine, en Indochine et en Corée, tous les espoirs nous sont permis, puisque nos soixante-huitards viennent de découvrir, avec les événements du Tibet, le caractère condamnable du régime de dictature qui sévit en Chine par la violence et la terreur depuis tout de même 60 années !

Le prolétariat français, paré de toutes les vertus quand on voyait en lui une force potentiellement révolutionnaire, est devenu objet d’indifférence, voire de sarcasme ou de mépris dès lors qu’il est apparu comme recherchant avant tout l’amélioration légitime de sa condition, et que, frappé par les conséquences d’une immigration massive que l’on installait dans les quartiers ouvriers, il a commencé à se plaindre de devenir étranger dans son propre pays.

Dès lors, et surtout bien sûr s’il vote Le Pen, l’ouvrier français n’est plus pour le soixante-huitard qu’un « beauf » raciste et stupide, du type de celui dont se gausse le dessinateur Cabu à longueur de dessin. Il reste l’internationalisme. Celui-ci s’est mué en mondialisme, avec une nouvelle force capable de contribuer à la destruction de l’ordre ancien : les peuples du tiers-monde, spécialement quand ils viennent s’installer dans les pays occidentaux.

Ce mondialisme peut revêtir diverses formes. Il y a le mondialisme technocratique, celui qui attribue le pouvoir à une petite caste de « sachants » de préférence dans le cadre d’un nomadisme généralisé des populations, des produits, des capitaux. Il y a le mondialisme idéologique, qui fait des « droits-de-l’homme » d’ailleurs à géométrie variable, le cache-sexe de ses ambitions dominatrices ; le mondialisme « anti-raciste », véritable religion qui n’a rien à voir avec la défense d’étrangers supposés vivre des situations difficiles dans leur pays d’accueil, mais qui est un projet de société visant à l’universel métissage, laïque et obligatoire ; le mondialisme Rousseauiste de type écolo, qui veut que la Nature soit bonne et que seule la Société la corrompe, proposant la Rédemption de l’Humanité pour la sauver de l’enfer du réchauffement climatique et la conduire au Paradis du « développement durable ».

Il y a enfin le mondialisme économique, qui repose sur la disparition des frontières. Certes, dans l’esprit du public d’aujourd’hui, cette dernière forme n’est pas le produit du gauchisme, mais se rattacherait plutôt aux puissances financières, aux intérêts économiques du capitalisme, aux doctrines du libéralisme et de l’ultra-libéralisme. On aurait tort d’oublier cependant que l’un des plus nets partisans du libre-échange, à cause précisément de son caractère destructeur, fut Karl Marx.

Puissent les enfants et petits-enfants des soixante-huitards rompre avec cet héritage délétère, et reconstruire patiemment, sur la base des valeurs qui ont fait la beauté de notre civilisation. (source)

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