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Pendant des années, je me suis convaincu que le meilleur message à porter était celui de l’assimilation. Plusieurs raisons m’y poussaient.
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Aujourd’hui, je dois le dire, je veux faire mon « coming-out » communautariste. Là encore, plusieurs raisons m’y poussent.

D’abord, même si je tentais d’y penser le moins possible, je savais très bien qu’il est impossible d’assimiler dix à quinze millions de personnes. L’argument est banal mais il est valable : on peut assimiler des individus mais pas des peuples. A l’échelle de ces chiffres, nous avons à faire à des peuples, non plus à des individus ayant été transférés dans des familles d’accueil. Cela ne s’est jamais produit dans l’Histoire, et puisqu’elle est, pour nous, notre seule véritable école politique, nous ne voyons pas comment un tel exploit serait possible aujourd’hui, d’autant que les conditions, ne serait-ce que pour essayer, sont désormais les pires possibles. En effet, la puissance d’attraction de la culture et de la civilisation françaises a fortement diminué. Nous ne sommes hélas plus au 18eme ou 19eme siècle. Nous avons cédé face aux cultures anglo-saxonnes depuis déjà trop longtemps, et, tandis qu’un certain nombre de français de souche n’ont déjà quasiment plus beaucoup d’attirance pour leur propre civilisation, on voudrait que des français de fraîche date devinssent des Jean Gabin et récitassent du Corneille ou du Racine ? Cela paraît hautement improbable. Et puisque de toute façon nous n’avons pas commencé, depuis trente ans, par l’assimilation, nous nous trouvons en face de gens déjà formés par leur propre culture. En somme, c’est déjà trop tard. Ajoutez à cela des cultures profondément différentes des cultures européennes, parce qu’africaines, musulmanes, etc, et vous vous retrouvez dans une situation impossible.

En définitive, désormais, l’assimilation relève du rêve ou de la gageure. Les communautés se forment déjà sur notre territoire, tout à fait naturellement. Un million de hussards noirs, sveltes et sévères, qui ressusciteraient, n’y pourraient rien. Et de toute façon, nous ne les avons pas. Le sort est donc jeté.

Mais puisque nous parlons de « messages politiques », venons-en. Les plus malins du Front National ne croient pas plus à l’assimilation de quinze millions de personnes que moi, mais rétorquent habilement que ce discours reste le plus utile à tenir. Il rassure les français sur une vieille illusion de paix sociale garantie par une forte culture commune, et peut même agréger au mouvement des personnes d’origine immigrée qui aurait fait le choix personnel de s’assimiler parfaitement.

Oui, ça peut marcher, et d’ailleurs, dans une certaine mesure, ça marche.

Toutefois, je crois qu’il est possible que le FN ait un coup d’avance en assumant une donnée qui sera la réalité incontestable de demain. En vérité, puisque le communautarisme tiendra lieu de système social dans la France – voire l’Occident tout entier – de demain, la question qu’il reste à trancher est celle de son application : sera-ce un communautarisme larvé et conflictuel ou au contraire ordonné ?

Les intérêts politiques d’un tel discours seraient les suivants :

Déjà, il serait plus proche des réalités et du possible. Alors certes, dans la « politique com », ce n’est plus vraiment l’essentiel, mais pour celui qui voudrait se préparer à exercer, effectivement, le pouvoir, intégrer à son logiciel la vérité et les éléments du possible n’est pas chose superfétatoire.
Il réaliserait aussi l’équation assumée de ce qui est déjà, à savoir que le Front National est le parti des français, de ceux qui se ressentent et se respirent comme tel, et dont la plupart, qu’on le veuille ou non, ne sont pas d’origine immigrée.

De plus, ce message serait loin de faire fuir les voix des personnes d’origine immigrée. Je m’explique : j’ai été frappé de constater qu’un tel discours responsabilise et rassure les français musulmans ou simplement d’origines étrangères. Il ne leur somme pas de devenir de « parfaits français », ce qu’ils n’ont pas envie d’être, à de rares exceptions, mais leur permet de rester ce qu’ils sont, organisés, respectés, avec comme seules conditions d’honorer les lois du pays en n’étant pas à sa charge. En clair, il rehausserait le drapeau et l’Etat au dessus des communautés, lesquelles seraient, le plus possible, encouragées toutes à leur porter allégeance. Nous aurions là des français, tous rassurés dans leur manière de vivre, mais travaillant de concert pour leur bien propre.

Alors certes, on va me dire que ce modèle est celui des Etats-Unis. Oui, c’est vrai. Là-bas, dans l’archétype, les communautés existent et vivent plus ou moins comme elles l’entendent, du moment qu’elles respectent les lois de l’Etat et soient capables de le servir dans une conscience rehaussée de servir quelque chose qui les dépasse et les garantie dans leurs modes de vie.
Ce n’est pas l’idéal, bien entendu. Mais nous n’avons plus quinze ans : l’idéal est derrière nous. Nous devons faire au mieux avec les conditions sociales qui sont les nôtres, et tant pis si celles-ci ressemblent désormais aux sociétés multiculturelles anglo-saxonnes. Ce n’est pas de notre faute si c’est ainsi. S’il n’en avait tenu qu’à nous, il n’y aurait pas eu d’immigration et tous ces problèmes ne se seraient jamais posés.

De toute façon, quelle est l’alternative ? Entendu que quinze millions de personnes, sans doute vingt demain, ne deviendront jamais, tous, des auvergnats et des bretons classiques, il va bien falloir organiser un peu tout cela. Ne serait-ce que – parce que nous y tenons – pour conserver le type classique de l’auvergnat et du breton. Restes des solutions de guerre civile, de remmigration massive ou de génocides, mais personne, en l’état, en raison et en morale, ne peut proposer de telles solutions. Dès lors, organiser en vue de la France des communautés qui de toute façon existent et existeront encore plus demain, semble la seule solution d’avenir à la fois pacifique et salutaire. Le reste n’est qu’illusions, anarchie et sang.

(…) Rochedy.fr

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