Extraits de l’éditorial de Jérôme Fenoglio (Directeur du « Monde » intitulé ” Résister à la stratégie de la haine.
Défendre les valeurs de notre démocratie implique de ne renoncer à aucune, même transitoirement.
La France le sait depuis de longs mois, hélas, depuis janvier 2015 et même avant : elle est la cible d’une campagne terroriste menée sans répit sur son territoire par la mouvance islamiste. […]
Ce sont des assassinats commis à dessein. Les cibles sont bien celles désignées par une propagande signée EI appelant ses adhérents, qui n’ont pas besoin d’être encartés, à tuer le plus possible d’Occidentaux, « d’infidèles, de “croisés’’ [comprendre : de chrétiens], de juifs », en Europe ou aux Etats-Unis, et avec les moyens dont ils disposent. […]
En l’espèce, pourquoi nous ? Là encore, la réponse figure dans la propagande djihadiste. C’est la deuxième vérité qu’il faut garder en tête. La France est attaquée parce qu’elle comprend l’une des plus importantes communautés musulmanes d’Europe. L’objectif des djihadistes est de provoquer des actions de représailles sauvages qui installeront chez nous une manière de guerre civile religieuse. Il faut lire ce qu’écrivent les théoriciens de cette stratégie de la haine, prendre ces écrits au pied de la lettre. Leur discours ne relève pas de la rhétorique.
Ils appellent à cette guerre civile en France, pour faire croire que l’Occident est en guerre contre l’islam. Ils espèrent en finir avec cette anomalie, cette « zone grise », selon leur expression, ce pays où des religions coexistent pacifiquement dans le cadre ancien, et tolérant, que nous appelons laïcité. Ils veulent susciter ce passage à l’acte de la vengeance « communautaire ». Ne pas y céder, jamais, est le premier acte de résistance d’une société telle que la nôtre – c’est aussi son honneur – et une première défaite infligée à l’ennemi.
Dernière observation qu’il est indispensable d’avoir à l’esprit dans le combat géopolitique en cours : ne jamais oublier que les djihadistes tuent beaucoup plus de musulmans que de non-musulmans. […]
Le Monde