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Le procureur a abandonné les poursuites ce mercerdi contre Denis Lambert, jugé pour avoir hébergé des Arméniens et leurs deux enfants. Le procès a finalement été bouclé en un temps record au tribunal correctionnel de Perpignan.

Denis Lambert, escorté par une cinquantaine de soutiens aux sans-papiers, devait être jugé pour avoir facilité le séjour illégal d’un couple d’Arméniens et ses deux enfants de 3 et 6 ans en les hébergeant chez lui dans les P.-O. entre janvier 2014 et juin 2015. Et ce, “en leur demandant de participer aux travaux ménagers” (vaisselle, cuisine…). L’avocat du prévenu Me Jean Codognes s’apprêtait à dégainer sa plaidoirie aiguisée. Les représentants des associations locales comme RESF (Réseau éducation sans frontière), la Cimade ou l’Asti patientaient avant de témoigner à la barre, ainsi que Georges Gumpel, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix, venu raconter comment il avait été caché, et donc sauvé, à l’âge de 6 ans alors que son père avait été déporté. Mais nul n’en aura eu le temps… En tout début d’audience, le procureur de la République Achille Kiriakides en personne s’est levé pour prendre la parole et annoncer, au vu des conclusions déposées par la défense pour réclamer la relaxe, une décision tout à fait exceptionnelle. “J’abandonne les poursuites, a-t-il dit. À aucun moment, je n’ai reçu de directive de quiconque. Je parle librement en vertu de ma seule conscience. Ces poursuites sont tirées d’une mauvaise interprétation des textes et des faits. L’immunité prévue par la loi concerne largement les faits reprochés à Monsieur Lambert”.

(…) Un communiqué national avait même été signé entre autres par le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature. “Je me réjouis de cette décision qui permet de définir le contexte juridique de leur action. Le procureur a fait preuve de courage et d’honnête. Il a montré qu’il était le patron du parquet .” En l’espace d’une demi-heure, Denis Lambert, qui a agi dans un seul but humanitaire, a donc été relaxé. “Heureux et satisfait, a-t-il confié. Mais je l’aurais été de toute façon, car je me sentais dans mon droit et honnête. C’est une bonne décision qui va faire jurisprudence et qui va rassurer les associations et les particuliers qui ne seront plus intimidés par des menaces de poursuites. Car elles font le travail que l’État ne fait pas, par exemple, en hébergeant des familles qui se retrouvent expulsées des foyers, jetées à la rue dans l’attente de leur dernier recours de demande d’asile.”

Le Midi Libre

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