(nom) l’expulsion forcée d’immigrants, quel que soit leur statut de citoyenneté
« Tout ce que l’Amérique souhaite pour Noël, c’est le retour des migrants », comme l’a tweeté la semaine dernière le département américain de la Sécurité intérieure – une belle façon de conclure une année où un terme autrefois confiné au monde universitaire et à l’extrême droite est entré dans le lexique politique courant.
Dans le milieu universitaire, la « remigration » désigne l’étude des immigrés qui retournent volontairement dans leur pays d’origine, souvent des réfugiés ou des personnes titulaires de visas de travail temporaires. Mais ce terme est également utilisé par l’extrême droite – popularisée notamment par l’idéologue autrichien Martin Sellner – qui perçoit la diversité ethnique comme une menace. Selon eux, l’expulsion est l’un des moyens de lutter contre cette diversité.
Jusqu’à cette année, le fait que des membres influents du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) aient évoqué en privé la question des « remigrations » avait suscité de vives protestations. Mais à l’approche des élections législatives de février, la co-présidente de l’AfD, Alice Weidel, a publiquement appelé à des « rapatriements à grande échelle ».
Douglas Carswell, ancien député conservateur et membre de l’UKIP devenu membre d’un think tank du Mississippi, a proposé en juin qu’un futur gouvernement britannique mette en place un programme d’incitations financières volontaires pour encourager les immigrés originaires de pays à majorité musulmane à quitter définitivement le Royaume-Uni. Cette mesure serait suivie de l’expulsion forcée des personnes qui ne contribuent pas de manière significative aux finances publiques.
Les politiciens sont allés trop loin pour leurs électeurs : les propositions de Katie Lam, étoile montante du parti conservateur, visant à lancer des expulsions du Royaume-Uni à l’échelle de celles qui ont suivi la partition de l’Inde et du Pakistan, ont été condamnées par la cheffe du parti, Kemi Badenoch, suite à un tollé général. Pourtant, la diffusion de ces idées est une victoire pour l’extrême droite qui les propage, une victoire bien sûr amplifiée par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
