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Les femmes qui vivent en zones rurales rencontrent beaucoup plus de difficultés. Après s’être intéressé aux infrastructures invisibles, l’institut Terram publie une nouvelle étude passionnante sur un sujet rarement abordé : la place des 11 millions de femmes qui vivent en zones rurales. Si la ruralité ne crée pas les inégalités de genre, elle les renforce à toutes les étapes des trajectoires féminines : accès aux services, autonomie économique, mobilité, santé, protection et perspectives professionnelles. L’isolement, déclaré par 79 % des femmes rurales, s’inscrit aussi dans un contexte politique où la défiance progresse et se reporte sur un vote RN qui atteint des niveaux records.

Les effets de la distance sur la vie des jeunes femmes nées en zones rurales s’observent très tôt, dès la majorité. À 18 ans, l’exode étudiant réduit en effet fortement la présence des jeunes dans les territoires ruraux, et ce sont les jeunes femmes qui partent le plus, laissant derrière elles celles qui ne peuvent absorber les coûts de mobilité. Celles qui restent se heurtent alors à des normes locales persistantes : 57 % estiment qu’on attend d’elles qu’elles « s’occupent bien du foyer », 38 % qu’elles aient des enfants et 36 % qu’elles soient disponibles pour autrui.

Cette charge domestique se double d’une fragilité économique : plus d’une femme rurale sur deux ne se sent pas en sécurité financière et seules 40 % peuvent épargner régulièrement. La dépendance économique au conjoint reste marquée puisque dans 69 % des couples, ce sont les revenus masculins qui constituent la part principale des ressources.

Concernant les trajectoires professionnelles, si près d’une femme rurale sur deux déclare que son orientation a été limitée parce qu’elle était une femme, il s’y ajoute un poids supplémentaire : en milieu rural, ces renoncements sont plus lourds faute d’alternatives de formation ou de transport. […]

La Dépêche

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