Le grand banquet du Canon français, prévu le 8 novembre 2025 dans la cour du Château des Pères, à Piré-Chancé, près de Rennes, a été annulé par ses hôtes. L’événement, censé rassembler près de 2 000 convives autour des produits du terroir, a été pris dans une polémique politique enflée par une pétition de 650 signataires dénonçant des « accointances avec l’extrême droite ». Face à la montée des tensions, le groupe Legendre, propriétaire du domaine, a déclaré avoir pris cette décision « au nom de ses valeurs d’ouverture, de respect et de partage ».
Les organisateurs, rachetés l’an dernier par le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin, dénoncent une campagne de dénigrement orchestrée par « un groupe anonyme ». Selon eux, la société Le Canon français organise « des dizaines d’événements à travers l’Hexagone » pour « faire travailler les producteurs locaux » et « mettre en avant la convivialité et le terroir français ». Du côté du château, la direction évoque une situation « qui nous dépasse totalement » et un « climat d’agressivité » : « Plusieurs de nos salariés ont été pris à partie par des personnes extérieures », assurent-ils, regrettant « ces dérives qui ont alimenté des discours haineux ».
Dans ce climat tendu, la Bretagne rurale se retrouve une nouvelle fois au centre d’un affrontement idéologique : d’un côté, ceux qui veulent défendre une fête du terroir et de la France “des producteurs”, de l’autre, des militants redoutant une récupération politique. Au final, la peur et la pression ont eu raison du banquet — et beaucoup sur place constatent que « le dialogue ouvert et respectueux » a été remplacé par l’intimidation et la peur du scandale.
