Les faits qu’on leur reproche avaient suscité un vif émoi à Verlinghem et dans les campagnes alentour, en début d’année.
Le 7 janvier, vers 18 heures, quatre individus gantés et cagoulés font irruption, en criant « Police », dans la cuisine d’une ferme isolée. C’est là que dînaient deux agriculteurs à la retraite, un frère et une sœur âgés de 72 et 68 ans.
Le septuagénaire est plaqué au sol, frappé à coups de poing et de bûche. Les malfrats, décrits comme jeunes et parlant une langue de l’Est, fouillent la fermette, pulvérisent du produit antimouche pour effacer leurs traces avant de prendre la fuite avec de l’argent liquide.
Enfermés dans un cagibi aux néons sciemment brisés, les deux agriculteurs vont parvenir à alerter un voisin. (…)
C’est un père (48 ans) et ses deux fils (31 et 23 ans), membres sédentarisés de la communauté des gens du voyage, qui étaient jugés ce mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Lille. (…)
« On ne fait même pas ça à des bêtes. Ils nous ont matraqués comme des voleurs avant de nous jeter dans une cave. » Son frère aura des côtes fracturées et présentera des plaies saignantes au visage, avec « un œil extrêmement abîmé »
« Mon frère n’est pas là parce qu’il n’a pas pu se présenter. Il est tombé en forte dépression, ça pourrait aller jusqu’au suicide. Ils lui ont bousillé sa vie. Heureusement, mon voisin nous a beaucoup aidés. »
« Ce sont des innocents qui se sont fait fracasser la tête, continue leur avocate. Ils ont donné des coups tellement forts qu’à un moment, ils se sont inquiétés parce que mon client ne respirait plus. » (…)
Contre le père, Franck T., le parquet, qui évoque des faits « dégueulasses », commis « contre des gens vulnérables », a requis six ans de prison ferme. Contre ses deux fils, quatre ans et trois ans ferme. Le jugement a été mis en délibéré.
Une grande émotion a traversé le village, ce sont certains des nôtres qui ont été malmenés !
Thierry Bonte, maire de Verlinghem
Une agression qui touche d’autant plus le monde agricole qu’elle a été extrêmement violente. Olivier Fagoo, éleveur porcin, représentant de la FDSEA, installé lui-même dans la commune fulmine : “C’est choquant, on se croirait dans un film de violence. Des “gangsters” cagoulés, équipés avec des gants, ce ne sont pas des amateurs. Ils se dissimulent pour ne pas être interpellés”.
France 3 Régions (Janvier 2025)
