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La moitié des journalistes en CDI ont pris leur carte au SNJ-CGT, au grand dam de leur direction, pour qui cela heurterait la culture d’indépendance de l’hebdomadaire satirique.

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Ces deux dernières années, les différents confinements et la généralisation du télétravail « ont distendu le tissu social », constate-t-il. Propice aux questionnements et aux inquiétudes, la période a sans doute ajouté aux difficultés d’échanger sur l’avenir du journal. C’est pourquoi « les canetons SNJ-CGT », dans un courrier en date du 12 mars, ont proposé l’organisation d’« un séminaire de deux jours de réflexions et débats ». Une demande restée, à ce jour, lettre morte. Comme l’était demeurée celle de Claude Angeli, le doyen du journal (90 ans), il y a quelques années. Michel Gaillard s’en souvient encore : « J’avais dit à Claude : mais enfin, on se voit tous les jours ! Vous pensez qu’on a besoin de tellement de temps pour réfléchir ? »

Préparer l’avenir

Y compris parmi les non-syndiqués pourtant, ce besoin de discuter de la ligne éditoriale ou de l’avenir numérique – Le Canard ne s’est doté d’un site Internet, d’une édition numérique et d’un compte Twitter, tous relativement actifs que depuis 2020 – se fait pressant.

« Sur #metoo, la diversité, le mouvement Black Lives Matter, la lutte féministe, l’égalité salariale, les minorités sexuelles, etc., on est sur la défensive, analyse une journaliste. Or comme on n’est pas tous d’accord sur ces sujets, on jette les bébés avec l’eau du bain, sans trop y regarder. » Conséquence : « On a un petit décrochage par rapport à la société actuelle », confirme un rédacteur.

L’arrivée de nouvelles plumes pourrait être l’occasion de retrouver de l’air et de combler quelques manques, certains domaines (l’extrême droite, le social, l’agriculture, l’armée…) n’étant plus complètement couverts. De renouer avec les gros scoops, aussi, le cas échéant. « On recrute au compte-goutte, alors qu’il faudrait une vraie politique d’embauche », blâme une rédactrice. Comme elle, les nouveaux syndiqués estiment que la rondelette réserve du journal, qui s’élève à 129 millions d’euros, devrait servir à préparer l’avenir. Elle a au contraire une fonction de « parachute », a rappelé la direction dans une lettre en date du 9 avril, et doit « permettre de faire face à un accident industriel type Presstalis »

(…) Le Monde

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