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Il fut l’uniforme de la classe ouvrière, mais s’est vu approprié par les jeunes urbains, en version retravaillée. Voici comment le bleu de travail est devenu un uniforme pour les cols blancs. Ceux qui l’ont porté quotidiennement pendant toute une carrière n’en croiraient pas leurs oreilles : depuis quelques années, le bleu de travail est revenu à la mode. En veste, en chemise ou surchemise, en combinaison, unisexe ou non, il fleurit dans les grands centres-villes. Repris par des stylistes, on en trouve même à plusieurs centaines d’euros.

Les premières formes de bleus apparaissent aux prémices de la révolution industrielle. En pleine révolution industrielle, les cadences augmentent, élevant le risque de blessures des ouvriers. On veut alors protéger les travailleurs de l’industrie ou de la mécanique. Il est coupé de manière pratique, avec des grandes poches pour y ranger des outils, souvent conçu en moleskine, une matière qui résiste aux frottements et aux brûlures.

La couleur bleue de Prusse est souvent choisie, pour une question de chimie et de coût de fabrication. D’abord concurrencé par des bruns, des kakis, le bleu met du temps à se fixer symboliquement comme couleur de l’ouvrier, bien aidé par le cinéma.  […]

Les années 1970 arrivent : les premières usines ferment, le bleu ne fait plus la fierté de leurs travailleurs, qui délaissent ce vêtement ou lui préfèrent d’autres couleurs. Il n’a plus la côte chez les ouvriers ; l’intelligentsia peur alors s’en emparer. […]

À l’heure actuelle, je vois chez un certain nombre d’étudiants, des jeunes qui ont envie de se glisser dans la peau de leur grand-père ou de leur père, explique Jérémie Brucker. C’est finalement une manière de toucher à leur intimité, à leur vécu”. Même si, reconnaît-il, le bleu version 2021 touche selon lui “un segment privilégié, plutôt urbain”.

La haute couture s’empare enfin du bleu, à l’instar d’Inès de la Fressange. Jean-Paul Gaultier, quant à lui, marque son dernier défilé en 2020 en arborant un. Corollaire de cet engouement : des prix de vente parfois déconcertants, jusqu’à 300 ou 400 euros pièce. […]

France Bleu

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