Cinq hommes comparaissent. Ils ont aujourd’hui entre 23 et 29 ans. Abou et Adama Kamara, Ibrahima Sow et Maka Kanté sont accusés de tentative d’homicide sur la personne de 86 fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, une circonstance aggravante. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le cinquième, Samuel Lambalamba, est soupçonné de leur avoir fourni un fusil à pompe.
Le face-à-face avec les parties civiles s’annonce tendu : les fonctionnaires qui sont intervenus à Villiers le Bel, en novembre 2007, ont vécu un véritable enfer. La pluie de plomb qui atteint les policiers fait de nombreux blessés. Ces derniers sont touchés aux bras, aux mains, au thorax, aux jambes, au visage. Le plus grièvement blessé perdra un œil. (…)
Les deux chefs seraient deux frères, ou plutôt deux demi-frères, des quasi jumeaux, Abou et Adama Kamara, présentés comme des caïds de Villiers le Bel. (…) Ali Soumaré, conseiller régional socialiste, ancien porte-parole des familles des deux adolescents : A l’époque, rappelle-t-il, les autorités n’hésitaient pas à utiliser Adama Kamara comme “relais” : les deux hommes ont été reçus par la ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie.
Cette incohérence est loin d’être la seule du dossier. L’enquête est très critiquée par la défense. Les tireurs présumés ont en effet été dénoncés, parfois de manière anonyme. Après les émeutes, des centaines de tracts ont été distribués pour inviter les habitants à les dénoncer, sous X, et en échange d’une récompense. Deux mois et demi après les émeutes, le 18 février 2008, une descente de police spectaculaire a conduit à l’arrestation de près de 40 personnes. Certains gardés à vue ont avoué, avant de se rétracter. France Info