Ce soir-là, à 19 heures, Laurence, employée de magasin, remonte la rue Marx-Dormoy à Paris (XVIIIe) en empruntant le trottoir de… droite. C’est délibéré. « Sur celui à gauche, il y a les vendeurs à la sauvette, j’ai l’impression de me retrouver dans une nasse », confie cette quadragénaire alors qu’en face, des grappes d’exilés afghans écoulent cigarettes de contrebande et tabac à chiquer. Sur cet axe en proie aux trafics, la gent féminine est ultra-minoritaire et ça saute aux yeux.
[…]De 17h30 à 18h30, le vendredi 12 décembre, nous avons dénombré 1 955 badauds. Parmi eux, seulement 248 femmes, soit 12,69 % de notre panel. Près de neuf passants sur dix étaient, donc, des hommes.
[…]Cette surreprésentation masculine est dénoncée par un collectif de riverains qui, il y a quelques jours, a collé sur les murs des affiches « Safe place pour les mecs, unsafe place pour les meufs », autrement dit « lieu sûr » pour ces messieurs, « lieu dangereux » pour ces dames. « C’est très désagréable pour les femmes d’être confrontées à des hommes stationnaires qui tiennent le pavé et qui leur font comprendre que la rue leur appartient », résume l’un des membres du collectif.
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