Lourd à porter, banal ou original, objet de fierté ou de honte… Nous vivons tous avec un prénom. Oui, mais comment ? Mohamed Amghar, 69 ans, s’accommodait très bien du sien jusqu’à ce qu’un employeur exige de lui qu’il en change. Ce commercial à la retraite, qui vit en Bretagne, a fait condamner l’entreprise pour discrimination.
Mohamed Amghar est né en 1956 à Paris, en pleine guerre d’Algérie. Son père, originaire de Kabylie, est arrivé en France dix ans plus tôt. Il décide de l’appeler Mohamed. « C’était un geste politique, une façon de revendiquer son identité et de marquer, à travers moi, son appartenance au monde musulman », explique le presque septuagénaire.
[…]Le spectre du racisme est de retour plus de trente ans plus tard, en 1996. Mohamed a 40 ans. Il est responsable d’une équipe de cinq commerciaux dans une entreprise d’informatique. Un ami lui recommande de postuler dans la filiale française d’une entreprise américaine, Intergraph France, un vendeur de logiciels. Il passe plusieurs entretiens. Il est sur le point d’être embauché comme ingénieur commercial. Mais au moment de signer le contrat, un responsable d’unité commerciale lui glisse : « Il faudra changer de prénom. ». Mohamed est en état de choc. Il ne peut faire machine arrière. « J’étais divorcé, j’avais trois enfants, j’avais déjà annoncé à mon ancienne boîte que je partais, j’allais avoir une bonne paye… Si je l’avais su plus tôt, je n’aurais pas poursuivi les entretiens. »
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