À Nice-Ouest, les enquêteurs s’apprêtent à examiner en détail les comptes et les flux financiers de la mosquée En-Nour. Après les révélations sur les 126.000 euros en cash découverts dans le bureau de l’imam Mahmoud Benzamia, le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a effectué un signalement à la justice au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. « Toute autorité constituée (…) qui acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenue d’en donner avis », rappelle le texte.
Fin novembre, le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, a ordonné l’ouverture d’une enquête pour « abus de confiance et blanchiment ». Les investigations ont été confiées au service interdépartemental de police judiciaire (SIPJ 06). Selon un constat d’huissier du 19 août, 126.485 euros en petites coupures ont été retrouvés dans le coffre du bureau de l’imam. L’affaire intervient dans un contexte de fortes tensions internes.
Depuis des mois, l’institut En-Nour est secoué par des querelles autour de la gestion de l’argent. Les bénévoles, « les petites mains », se sont même mis en grève pour protester contre « l’autoritarisme » de l’imam historique et ses appels pressants aux dons : « Soyez généreux ! Vos cartes, vos poches, videz tout… Les femmes, donnez l’or, l’argent, donnez tout… » En septembre, acculé par une partie des fidèles, le religieux a reconnu détenir 40.000 euros en liquide avant d’extraire finalement 126.000 euros de son coffre-fort, peinant à justifier clairement leur origine.
Face à ce climat jugé trop opaque, le président de l’association gestionnaire, Adil Echaoui, a sollicité en octobre la nomination d’une administratrice judiciaire provisoire du cabinet Huertas, afin de rétablir un fonctionnement démocratique et d’organiser de prochaines élections. Les enquêteurs du SIPJ 06 poursuivent désormais leurs travaux pour éclairer la gestion des fonds de l’institut musulman de la Plaine du Var.
