Arrivé l’été 2025 à Vendin-le-Vieil, dans le tout nouveau quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) créé par Gérald Darmanin, Stéphane S., 40 ans, était présenté comme l’un des « 100 plus grands narcotrafiquants français ». Après six mois à l’isolement puis un transfèrement sous très haute sécurité, il a été entièrement relaxé le 10 novembre par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, qui a jugé les éléments d’incrimination « insuffisants ».
Les magistrats ont rappelé que ses « relations amicales et contacts dans le milieu du banditisme » ne suffisaient pas à caractériser les infractions reprochées. La cour a écarté des accusations de l’Ofast et de l’administration pénitentiaire, selon lesquelles il aurait continué à importer des stupéfiants, voyagé dans de nombreux pays latino-américains, fréquenté les Émirats ou subi plusieurs opérations de chirurgie esthétique. « Les juges ne se sont pas laissés abuser par le costume détenu de Vendin que l’on a taillé à mon client », a déclaré son avocat, Me Bruno Rebstock, qui dénonçait déjà cet été « une allégation sans fondement ».
Selon Me Rebstock, son client, marié à une Vénézuélienne et établi de longue date dans le pays, n’a « jamais été condamné ou inquiété » par les États où il a séjourné. Relaxé et libre, il n’est mis en examen dans aucun autre dossier. L’affaire interroge également la sélection des premiers détenus du QLCO, alors qu’un autre pensionnaire a obtenu une libération conditionnelle et qu’un troisième a pu sortir une journée pour un entretien d’embauche.
Dans les prochains jours, Stéphane S. saisira la commission nationale de réparation des détentions pour obtenir une indemnisation proportionnée à ses conditions de détention, qualifiées d’« extrêmement difficiles ». Le ministère de la Justice rappelle de son côté que Vendin-le-Vieil, validé par le Conseil d’État, demeure un établissement de haute sécurité destiné à « protéger la France face à la criminalité organisée ».







