Quelle attitude avoir face aux insultes, aux incivilités, au chahut ? De nombreux enseignants se disent démunis. A Paris, 80 personnes ont échangé, lors d’ateliers mis en place par le centre ReSIS. Les enquêtes récentes, qu’elles émanent du ministère ou d’acteurs de l’éducation, montrent une dégradation du climat scolaire et une montée des violences. Les participants à ces deux journées le ressentent, certains parlent même désormais de la « violence du métier ». Les réseaux sociaux peuvent aussi envenimer des situations. « Enseigner en paix, c’est un peu le graal », glisse une professeure des écoles.
Cécile Aubertin l’avoue sans ambages : « Je me suis trompée dans les grandes largeurs. » La principale d’un collège de l’académie de Nancy-Metz a été confrontée, il y a un an, à une classe dite difficile. Plusieurs élèves perturbaient sans cesse les cours et rivalisaient d’insultes et d’insolence sans qu’aucun enseignant ne parvienne à les mettre au travail. La cheffe d’établissement décide alors d’une visite surprise dans la classe pour impressionner les collégiens. Elle convoque solennellement devant toute la classe les élèves incriminés dans son bureau. Mais cette démonstration autoritaire « n’a pas eu l’effet escompté », raconte-t-elle aujourd’hui avec le sourire : « Les élèves l’ont vécu comme une humiliation, comme un défi, et le désordre a redoublé. » […]
Près de 15 % du personnel de l’éducation se dit aujourd’hui victime de moqueries ou d’insultes, selon une enquête de l’éducation nationale parue en juillet. « Mais le sujet reste largement tabou. Beaucoup d’enseignants n’osent pas faire état de leurs difficultés, de peur d’être jugés incompétents », souligne François Poisson, formateur au centre ReSIS. Il préconise la mise en place de protocoles pour savoir réagir en cas d’invectives, « comme cela existe dans les autres administrations ». […]
Les conflits croissants avec les familles, qui ressortent de toutes les discussions, compliquent la donne. Il y a ce parent qui vient exprimer sa colère en s’approchant à quelques centimètres du visage de la cheffe d’établissement ou cette famille qui, mécontente d’une remarque de la professeure des écoles, se répand sur le groupe WhatsApp de la classe et ligue les parents contre l’enseignante. « Tout peut être mal interprété et sujet à rumeurs. Les parents croient sur parole leurs enfants, s’appellent entre eux. […]







