Le Gang de Roubaix désigne une association de malfaiteurs proche d’Al-Qaïda responsable d’une série de vols à main armée très violents survenus en 1996 dans la région lilloise, dans le but de financer le djihad à travers un réseau international organisé par le terroriste Fateh Kamel depuis Montréal.
L’audience n’a débuté que depuis quelques minutes mais le ton est donné. Dès son entrée dans le box de la cour d’assises du Nord, à Douai, vendredi 17 octobre, Seddik Benbahlouli refuse de s’asseoir et éructe. La présidente essaie d’adopter un ton conciliant, rien n’y fait. L’homme, 55 ans, le crâne dégarni et la barbe fournie, tente une sortie en force. Maîtrisé par cinq policiers, il est exfiltré. Les jurés n’ont pas encore été tirés au sort. Ils assistent à la scène, médusés. On ne le reverra plus de la journée.
[…]Il refuse toujours d’apparaître dans le box des accusés. Seddik Benbahlouli, ancien membre du gang de Roubaix, est bien présent à Douai, où la cour d’assises le juge depuis vendredi, mais il passe les débats en dehors de la salle. Il est soupçonné d’avoir tiré à l’arme de guerre sur deux policiers de la BAC de Tourcoing début 1996. Et puis plus rien, jusqu’à l’automne 2023 et son arrestation aux États-Unis.
Selon le récit du conseiller élyséen, en janvier 2023, l’ancien du gang de Roubaix a tenté de rejoindre l’Algérie, via la Belgique. Arrivé chez nos voisins, il est arrêté par les autorités belges, qui le renvoie outre-Atlantique en raison d’un faux passeport établit au nom de Zakaria Chemsi. Revenu à New York, il est placé en centre de rétention pour infraction aux règles de l’immigration. Pendant quelque temps – deux semaines selon son avocate, plus selon le conseiller –, il maintient cette fausse identité et assure être algérien.
[…]Utiliser des petits délinquants à des fins terroristes ? Dans les années 90, le “gang de Roubaix” faisait office de précurseur. Seddik Benbahlouli, retrouvé après de longues années de cavale est jugé depuis le 17 octobre pour une tentative de meurtre sur un policier en 1996 par la cour d’assises de Douai (Nord). Entre violences, meurtres et armes de guerre, cette association de malfaiteurs a semé la terreur dans le nord de la France.
[…]« Les ch’tits d’Allah » en Bosnie
En avril 1994, il rejoint le bataillon des moudjahidines en Bosnie, basé à Zenica. C’est là qu’il rencontre Christophe Cazes, déjà sur place depuis deux deux ans. Ancien étudiant en médecine à Lille, lui s’engage comme médecin volontaire auprès des blessés musulmans bosniaques puis se radicalise au contact des réseaux islamistes locaux avant de rejoindre Zenica et prendre part à la guerre civile.
Trois camps s’affrontent : les Bosniaques musulmans soutenus par Sarajevo, les Serbes de Bosnie soutenus par Belgrade, et les Croates de Bosnie soutenus par Zagreb. La cause des bosniaques devient internationale et attire de nombreux soutiens djihadistes étrangers venus du Maghreb, du Moyen-Orient et même d’Europe. Leur objectif : défendre les musulmans bosniaques, mais aussi implanter une vision islamiste rigoriste dans les Balkans. Le bataillon des moudjahidines de Zenica est créé en 1993 et dirigé par un algérien : Abou el-Maali. Zenica devient alors en Europe un repère de base islamiste.
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