À 2 500 mètres d’altitude, sur le mont de la Plane, les habitants de Montgenèvre n’en reviennent toujours pas. En octobre 2024, un groupe de randonneurs passionnés avait rénové à leurs frais un vieux calvaire du XIXᵉ siècle, « en état de délabrement avancé ». Leur geste, voulu comme un hommage au patrimoine local, a tourné à la polémique. Jugeant l’installation « attentatoire au principe de laïcité », la mairie a fait appel à un hélicoptère pour retirer la croix la semaine dernière.
« Ça coûte au moins cinq mille euros ce genre de vol », s’indigne Arnaud Violland, l’initiateur de la rénovation. L’homme affirme avoir tenté d’expliquer à la mairie qu’« il y avait une symbolique locale et patrimoniale ». Dans une lettre d’avril dernier, il écrivait : « Cette croix existait déjà à cet emplacement, mais elle était ancienne et fragile. Ayant à cœur la préservation du patrimoine local, j’ai entrepris avec des amis, à nos frais et de manière anonyme, de la remplacer par une structure plus robuste, respectant toutes les normes de sécurité. » Aucun retour ne lui a jamais été adressé.
L’affaire divise profondément la commune. Certains voient dans ce retrait « une provocation », d’autres « une dérive laïcarde hors sol ». Le maire, lui, invoque la neutralité publique : la croix se trouverait sur une « parcelle privée » et n’avait « pas vocation à remplacer l’ancien calvaire ». Mais pour nombre d’habitants, l’image de l’hélicoptère décrochant la croix restera celle d’un pays qui « efface son histoire à coups de rotor ».